Les parrains de Manchester ont répondu à l’appel des fans qui chérissent Technique et leur côté électro et dancefloor. N’en déplaise à certains, Get Ready semble avoir été une parenthèse.
New order officie depuis maintenant 28 ans. Ce qui ne les rajeunit pas. Et pourtant, ce dernier album privilégie encore une fois largement la scène électro, dévoilant quelque part leurs préoccupations plus légères après un Get Ready livré il y a trois ans qui avait fait accroire à certains que le rock prendrait à nouveau le dessus. La bande de Manchester arrive avec un album qui déjà par sa pochette annonce la couleur : au daible les conventions et les modes pourrait-on lire en filigrane. De plus, il rappelle le bouquin de Naomi Klein, No logo.
Bon, que vaut cette nouvelle salve de New Order ? Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’en effet, comme annoncé auparavant, la technique de Technique y est ici largement représentée. S’il y a un album qui se rapproche de Waiting for the siren’s call, c’est bien celui sorti il y a déjà plus de 15 ans (1989, et leur meilleure vente). Connus mondialement grâce à « Blue Monday », qui a non seulement ouvert les portes des discothèques au groupe mais qui a lancé toute une mode, y compris celles des clips « artistiques », le fonds de commerce du quatuor mené par Bernard Sumner reste le dance-floor.
« Who’s Joe », très bon titre au demeurant, distille déjà tous les ingrédients propres à New order : Basse reconnaissable parmi mille, chant et choeurs romantiques à souhait, guitare précise et inspirée, batterie aussi seche qu’un claquement de fouet… On voit bien où Interpol, et beaucoup d’autres (The Killers), sont allés puiser leur musique. Les titres défilent et ne désarçonneront pas le fan lambda du groupe : il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Au premier abord, les titres ne semblent pas super bien calibrés mais paradoxalement l’ennui ou la lassitude ne sont pas des envies qui vous traversent à l’écoute du disque. Bon, avouons qu’on n’est pas – plus – en admiration devant leur savoir faire, mais leur côté ‘qui se laisse écouter mine de rien’ est bien le signe de leur talent.
Après un « Waiting for the siren’s call » qui semble sortir directement de Technique (tout comme « Morning night and day » ou « Dracula’s castle »), arrive « Krafty », le single, qui contrairement à ce que l’on a pu lire ici ou là, n’est pas, à mon humble avis, un faible titre. Des dires du groupe, il s’agit de leur meilleur titre jamais écrit. On n’ira pas jusqu’à de telles extrêmes non plus, mais force est de constater que l’aparté synthétique n’est pas sans rappeler la majesté de titres comme « Love Bizarre triangle », titre qui charrie une émotion folle, et seulement grâce aux synthés…
On peut être étonné par des morceaux comme « I Told you so », inspiré par un reggae discount, mais cela démontre encore une fois la grande ouverture d’esprit du groupe, et, surtout, l’absence de prise de tête sur des choses qui n’en méritent pas la peine. Ils ont envie de faire un truc, ils le font, point barre. Que le genre corresponde plus précisément aux camping de palma qu’aux campus de Great Britain a toujours fait partie de l’ambivalence – et de la richesse – qui caractérise la formation (rappelez-vous l’ignoble hymne footballistique « World in motion »…) . Tout le monde ne peut pas se le permettre, eux si. C’est aussi la différence entre les Anglais et nous : ils n’ont pas honte d’écouter Robbie Williams, et ils le disent. On a ceci dit aussi droit à de très bonnes surprises, telles « Working overtime », qui clôture de manière très Iggy pop-rockesque cet album ni bon ni mauvais du quatuor et très axé électro.
Tous les titres ici ont été péchés d’un lot dit prometteur de 18 titres. Selon le groupe, les 7 titres mis de côté ici feront partie du prochain CD. On peut penser que certains ne prendront pas cette nouvelle avec le sourire.
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