En provenance de Norvège, la pop distinguée des Midnight Choir s’élève au rang d’orfèvrerie avec Waiting for the Bricks to Fall , où le froid laisse place à la chaleur des morceaux. Ce nouvel album devrait enfin consacrer Midnight Choir dans nos contrées.
Depuis quelques années, l’intérêt porté aux musiques venant de Scandinavie s’affiche haut et fort. Des reporters sont envoyés sur place pour tenter de percer le secret de cette richesse musicale. Ce coin de l’Europe est même devenu une terre d’asile pour certains artistes en mal d’inspiration. Car le froid cultive et fertilise un nombre de talent impressionnant. Saint Thomas, Ralph Myerz, Madrugada, Kings of Convenience, Royksöpp mais aussi Toyen, Ai Phoenix, Sketch (…) font partis d’une scène norvégienne qui s’impose hors de leur frontière et laisse rêveur quantité de groupes jaloux de leur contenance.
Midnight Choir en est déjà à son sixième album, et alors qu’en Norvège ils sont disques d’or, contrairement à certains de leurs compatriotes cités plus haut, restent peu connus en France. Cette injustice devrait être réparée sous peu avec la sortie de Waiting for the Bricks to Fall , album qui confirme leur qualité d’écriture.
Autour du trio fondateur (Al de Loner multi instrumentiste et auteur compositeur des morceaux du groupe, Paal Flaata voix et Ron Olsen basse) gravitent plusieurs musiciens d’ailleurs souvent des membres des Walkabouts . Outre Chris Eckman, producteur attitré depuis le deuxième album, Terri Moeller et Carla Torgerson ont participé à certaines sessions d’enregistrement.
La musique de Midnight Choir pourrait être comparée à du Scott Walker pour la voix et les arrangements de cordes, à du Nick Cave pour les ambiances musicales, ou du Tindersticks du Waiting for the moon pour cette approche à la fois mélancolique et brute des compositions.
Derrière cette sensation de quiétude, de langueur sensuelle, cohabitent des chansons chargées d’électricité à l’image de « last chapter », titre explosif où la voix de Paal Flaata se fait l’écho amer des désillusions.
Waiting for the bricks to fall parle de la sincérité dans les rapports intimes, du désespoir, du désir, de la fuite, de ces thèmes récurrents présents dans bon nombre de disques, mais ici servis par des arrangements aussi sobres que sophistiqués, à vous couper le souffle.
Dès les premières notes de « Will you carry me across the water », on entre dans l’univers de Midnight Choir, une guitare acoustique, un piano, des cordes que ne renieraient pas les Tindersticks, et une voix grave remplie de frisson.
A l’opposé du climat hivernal de Norvège, la musique de Midnight Choir est loin d’être glacial, à son contact la neige devient eau. Eau sacrée comme sur « long time ago » où les choeurs de l’orchestre de Ljubljana donne un côté mystique à la chanson.
« Motherless child » s’aventure près des musiques expérimentales et imprime l’atmosphère de l’album, un mélange de lumière et de brouillard. « Depths of the earth » par son rythme lent avance à pas feutré, éclairé par des bougies et rend angoissant la nuit. Et pourtant malgré la tension créée, à l’écoute de Waiting for the Bricks to Fall , on se sent soulagé.
A noter que pour la première fois depuis les débuts de Midnight Choir, Al de Loner s’essaie au chant sur « Mrs Donald » sorte de folk bluesy qui rappelle Willie Nelson ou Merle Haggard .
De par son côté mystérieux et reculé entre les mers, la Norvège sait garder et protéger ses secrets mais à force d’être au centre des regards sera t-elle préserver encore longtemps ses trésors musicaux comme celui des Midnight Choir ? On espère que non !
-Le site officiel de Midnight Choir