A 69 ans, le pianiste chicagoan Andrew Hill fait montre d’une créativité que peuvent lui envier bien des jeunes musiciens. Multipliant les formations (du grand orchestre au solo) avec une vitalité jamais mise à défaut, celui qui a écrit dans les années 60 quelques pages parmi les plus mémorables du free jazz (en compagnie d’Eric Dolphy, Tony Williams, Richard Davis et Lee Morgan, entre autres émérites musiciens) renoue avec le fameux label Blue Note. Au sein cette fois-ci d’un merveilleux quintet, il nous gratifie de huit nouvelles compositions personnelles, au lyrisme tortueux. La spontanéité est le maître mot de ce vibrant échange, qui voit chacun des protagonistes (Greg Tardy au saxophone ténor et à la clarinette, Charles Tolliver à la trompette, John Hebert à la basse et Enc McPherson à la batterie) se dépasser sans renier la cohésion d’ensemble. Abordés avec une jouissive liberté, les thèmes littéralement mis en jeu se succèdent comme des ombres fuyantes aux contours indiscernables. Cet entrelacs mystérieux, qui oscille entre mélancolie et tension élastique, tradition et modernité, s’achève par un émouvant hommage de Hill au contrebassiste Favors Malachi, moment suspendu de grâce inouïe, à l’image de ce grandissime Time Lines.
– Le site de Andrew Hill.
– Le site de Blue Note.