Fort d’une réputation assez enviable gagnée à force de maxis, le duo français [T]ékël sort son premier album. Mi figue mi raisin.
L’histoire du duo est assez cocasse. En réalité, Loïc le Guillou et Julien Briffaz sont tous deux issus du rock, et avaient à cet effet créé le groupe Ekel (respectivement en tant que guitariste et batteur, en référence au dessin animé Ekel et Jekel). C’est devant le départ inopiné des membres de leur groupe en herbe, remplacés au bouton levé par les boîtes à rythme et autres laptop, qu’Ekel deviendra [T]ékel. Entre-temps aussi, Julien a créé un label spécialisé dans l’électro : Brif. C’est en mettant fin à ses activités de manager de label que Tékël a vu le jour. Le [T] devant Ekel jette aux orties les interrogations sur leur nom : non, il ne s’agit ni du chien ni du mot allemand signifiant « repoussant ». Disons que l’occasion a fait le jeu de mots.
Ensuite, leurs maxis – notamment « Créteil connexion », présent sur la galette – vont bénéficier d’un bouche à oreille entre DJ assez incroyable (jusqu’à celles de Tiga ou Ivan Smagghe), faisant de Tékël un véritable buzz. L’occasion rêvée pour sortir leur premier album qui, contrairement à ce que l’on pouvait attendre, ne rassemble pas juste une flopée de titres dance (ce qu’ils font pourtant de mieux). Au grand regret de certains, qui voient dans leurs titres à la Colder (« Pulco »), clairement inspirés de la new wave des années 80, une faiblesse par rapport à leurs morceaux plus fédérateurs pour dance floor. Mais qui montrent en même temps d’où ils viennent. Comme « Mycose the night », qui ouvre les hostilités, et qui a le mérite de faire le lien entre les deux mondes : electro d’un côté, new wave de l’autre. Précisons tout de suite que nous nous rangerons du premier côté, car c’est ici que le duo apporte une réelle nouveauté, comparable à un Daft Punk à l’époque de son premier album.
« Tutut » (beaucoup de titres bénéficient de cet humour bon enfant) est l’exception qui confirme la règle, car c’est le seul morceau chanté qui tire son épingle du jeu. En effet, les autres brassent sans les égaler les figures new wave des eighties. « Toufutouflam », par exemple, c’est dans sa phase purement technoïde – le chant oublié – qu’il brille. Il en va de même pour « Mekanik Ordi ».
On en arrive à parler de ce qui fait de Tékël un duo aussi attachant : leurs beats et autres uppercuts, leur sensualité aussi (« Flambi »). On pense à Vitalic (« Créteil Connexion »), principalement pour la bonne utilisation de la basse et des bpm. Enfin, « Placid » rend à César (Kraftwerk) les lauriers de la gloire. La pochette aussi lorgne de ce côté-là, ainsi que de celui de Pacman.
En résumé, disons que ce disque est très plaisant, parfois original, voire prometteur, mais aussi, vu la hype qui les entoure, relativement décevant sur la longueur, lassant car ultra éphémère. Comme le clôturent si bien « Cif » et « Ronron », c’est sur une piste de danse que se défend le mieux le duo. Mais n’est-ce pas là le propre de la techno ?