Pas facile de se faire un nom avec un titre qui rappelle furieusement un album de King Crimson, puisé lui-même à la source d’un poème de Dylan Thomas. Pas facile de faire le grand écart entrer le folk anglais des années 60, la dreampop des années 80 et la musique électronique minimaliste. Pas facile non plus de se faire remarquer outre-Atlantique avec un titre en français qui parle de l’Hermione (le bateau avec lequel Lafayette participa à l’indépendance des Etats-Unis d’Amérique). Et pourtant, c’est ce que ce trio mancunien discret, composé d’une chanteuse française exilée, d’un multi-instrumentiste lorgnant vers le trad (banjo, guitare, dulcimer) et d’un as des mannettes, parvient à réaliser sur ce premier album. La prouesse de SBB, signé sur le label chicagoen Locust, réside toute entière dans l’alchimie des ingrédients qui la composent : une voix qui n’est pas s’en rappeler aux plus nostalgiques le chant racé de Sandy Denny, des mélodies boisées à la Pentangle qui s’élèvent avec grâce au dessus d’une orchestration feutrée. Ces 11 vignettes clair-obscur entraînent l’auditeur sur une mer intérieure où les sirènes se jouent des humeurs de marins improvisés. Quand résonnent les accents tragiques de « The Bitter Cup », on ne pourrait rêver de naufrage plus envoûtant, avec ou sans bible à portée de main !
– Le site de Starless & Bible Black