Le premier album de ces gallois signés chez Mute est une véritable ascension vers les cimes d’une pop indé moderne. Mêlant ambiances éclectiques et guitares acoustiques vers d’autres panoramas plus électro, Messy century est un croisement inespéré entre les Flaming Lips et Guided by Voices.
Si l’on se réfère au nom de cette sympathique formation galloise et sa musique, The Mountaineers se plaisent à escalader les sommets de l’aristocratie pop, n’hésitant pas à se frotter à d’autres acrobates du genre que sont les Radar bros, Grandaddy voire Eels. Originaires de Hope, une petite ville galloise où l’on s’ennuie ferme (et qui porte donc mal son nom), Alex Germains, Ceri James et Tomas Kelar ont donc décidé d’aller voir du pays. Nos amis ont bourlingué un peu partout en Europe avant de se poser à Liverpool. Une ville « dans le vent » comme on dit.
Avec de tels de prédispositions pour l’évasion, pas étonnant d’apprendre que la grand-mère d’Alex Germains étaient en son temps trapéziste dans un cirque itinérant. Ne parlons même pas des origines tziganes de Tomas Kelar, autre bruiteur en chef…
Et comme si ce n’était pas suffisant, ces musiciens possèdent d’autres atouts artistiques non négligeables : Ceri étudiait la musique électro à l’université de Bangor et Tomas l’art à Leicester, tandis qu’Alex a accomplit avec succès une thèse sur les kebabs de Liverpool… 😉
Anciens protégés du label Deltasonic (The Coral entre autres), nos valeureux montagnards officient désormais chez Mute.
Adeptes du bricolage maison sur leur bon vieux ordinateur, leurs deux premiers EP leur vaut les louanges des critiques outre-manche. Il faut dire que derrière les micros vocoder et autres effets de style lo-fi se cachent de fins mélodistes qui laissent espérer autre chose que de simples effets de style. Messy Century, premier album, est le doux reflet de ces expériences passées et ne déçoit pas : une pop un brin tarabiscotée, entremêlés de sons bizzaroïdes, limite electro mais pas trop.
A l’écoute de ce charmant ovni, The Mountaineers prennent un malin plaisir à déstructurer les schémas de composition classique tout en restant accessible. Ce besoin s’exprime en rajoutant soit un break complètement barré en plein milieu d’un titre purement pop, soit en nous flanquant une seconde mélodie qui n’a rien à voir avec la ligne mélodiqe de base (« All My Life »). En ce sens, on pense beaucoup aux Flaming Lips sur des titres comme « I gotta sing », dont la voix d’Alex Germains rappelle beaucoup Wayne Coyne, le chanteur déjanté, adepte de l’omelette sur la tête.
Niveau texte, Alex Germains utilise le même concept de collage n’ayant ni queue ni tête et popularisé il y a bien longtemps par W. Burroughs, pillé depuis sans vergogne par toutes les rock-stars de la terre. Dans ce contexte, l’innocence pop est alors de rigueur. Peu importe le texte, seul les mélodies comptent.
Parfois, on note quelques baisses de régimes sensibles, peut être dû à la haute altitude de cette gymnastique mélodique, le groupe ayant du mal à reprendre son souffle. Mais ces écarts sont oubliés dès que l’on tombe sur des titres comme « It’ Solid » une bien jolie ballade dont n’aurait pas renié Robert Wyatt. Il y a dans leur musique ce petit côté artisanal totalement assumé qu’on aime entendre et retrouver chez Guided By Voices. « Belgique Limb », petite chanson fait de briques et de brocs demeure le parfait exemple de cet état d’esprit. Quelques titres comme « Gruppen », « UK theatre » son susceptibles même de franchir le dur cap des ondes radios.
Sans pour autant viser le chef-d’oeuvre, Messy century pêche par sa fraicheur et son côté ludique hautement revendiqué. Un excellent album de pop « moderne », qui nous permettra d’oublier un temps soit peu la déception du dernier Grandaddy.
– Le site des Mountaineers chez Mute