La fusion reggae-punk trouve chez ce groupe américain un nouveau souffle à même peut-être d’éclipser le retour annoncé de Police.


The Mars Volta adore The Jai Alai Savant (qui se prononce hi-a-lie sa-vant). Et encore me direz-vous ? Et bien ici, vu l’énorme respect que l’on a pour The Mars Volta, on part déjà avec un a priori plus que favorable. Comme argument de vente, c’est déjà pas mal la recommendation. ça vaut même pas mal de plans marketing.

The Jai Alant Savant est un trio originaire à la fois de Philadelphie et Chicago, actif depuis 2003. Mené par Ralph Darden (connu aussi sous le pseudo de DJ Major Taylor), il comprend le bassiste Dan Snyder et le batteur Jeremy Gewertz, ex-membre des frappadingues punk de An Albatros, Reversal of Man et And the deadly. C’est grâce au label d’Omar Rodriguez, Gold Standard Lab, que le trio sort son premier EP. Ils sont ensuite récupérés par City Slang. On a parlé d’eux l’année dernière, grâce au titre énigmatique « Scarlett Johansson Why Don’t You Love Me ? », au riff très pop-punk-reggae. Ce titre et d’autres, qui étaient également sur leur EP, se retrouvent ici, montrant au marché une nouvelle tendance : on sort d’abord un EP, puis un album, contenant tout ou une partie des morceaux déjà utilisés.(Cold War Kids par exemple)

La niche dans laquelle évolue le groupe est le reggae-punk, sorte de fusion entre Fugazi et n’importe quelle figure du grand reggae traditionnel (au sens large, ska et dub compris). En quelque sorte, on pourrait dire qu’ils sont les TV on the Radio du reggae-punk. Inutile de vous dire que c’est ce qui fait sa spécificité première. L’album se compose pratiquement à égalité de titres enlevés très Fugaziens (surtout dans le chant), voire The Police (« Sugar Free », « Scarlett Johansson… ») et des plages d’intermittence dub-reggae de très bonne facture, n’hésitant pas à appeler à la rescousse tout l’attirail habituel, à savoir cuivres, percussions, mélodica, reverb et echos dub à profusion. Le groupe se débrouille à merveille sur ce terrain et n’a de leçons à recevoir de personne. Les titres à la Police sont eux aussi très réussis.

C’est plutôt sur le terrain punk qu’ils patinent un peu et ont du mal à convaincre. « The Low Frequent Sea » et ses cuivres arrive à faire le lien entre les différents genres avec élégance. « Transmission From the Delegate » également. C’est triste à dire, mais c’est souvent dans les intrumentaux que le groupe excelle.

On n’est ceci dit pas étonné du tout que The Mars Volta les apprécient puisqu’ils se servent du reggae, du ska et de la dub comme ces derniers se servent du jazz ou de la salsa. Cela apporte de la fraîcheur, chose qui manque énormément en ces temps de formatage globalisé, ce qui est déjà énorme. On leur souhaite un avenir plus flamboyant que celui des Bad Brains. Pourquoi pas celui de Police ?

– Le site du groupe