Décidemment, Marc Ducret est dans tous les bons coups du moment. Il y a peu, sa guitare électrisait le sextet aquatique d’Henri Texier, grondait et se déchargeait sur la Théorie du K.O. (cf. ci-dessous), la voilà à présent qui s’envole dans cet u.l.m. (ultra léger musical) de grande envergure. Créé à l’initiative du saxophoniste François Corneloup, ce nouveau trio (à la batterie, l’intrépide Martin France se joint aux deux susnommés) propose un jazz sans filet, tout en vrilles saturées, ascensions impromptues et stases aériennes. Une musique qui ne tient pas en place, c’est-à-dire toujours en quête de mouvements, de nouvelles hauteurs, de sensations fortes. Cherchant un point d’équilibre pour, l’instant d’après, se mettre de nouveau en péril et se risquer au vertige des cimes. Faire et défaire les motifs instrumentaux, générer des tensions, puis des respirations, entre ciel et terre. Du “Jardin de pierres” à “Nocturne” le trio allie souplesse et nervosité, rudesse et douceur méditative, construit un écheveau serré de sons et d’émotions difficile à appréhender d’une seule traite parce qu’adoptant une forme constamment imprévisible. Les six titres d’u.l.m., tous signés François Corneloup, redéfinissent les règles du jeu à trois (sans basse), instaurent une géographie sonore où souffle ombrageux, cordes tendues et baguettes pointilleuses se disputent l’espace, se cherchent pour mieux se trouver. Un art périlleux qui peu désarçonner de prime abord, mais se révèle à la longue passionnant de bout en bout et saura ravir tous les auditeurs adeptes de haute voltige.
– Le site de In Circum Girum.