Trois semaines que l’album tourne en boucle sur les platines de la Pinkushion Team. A vous de devenir accro au folk de première classe de Hey Hey My My.


Hey Hey My My : plus qu’un doublon d’onomatopées, ce pseudonyme se présente évidemment comme un hommage au grand Neil Young. Il reprend en effet mot pour mot le titre de la chanson qui figurait sur Rust Never Sleeps. Mais qu’on se rassure : les Hey Hey My My n’ont rien de ces élèves modèles, qui vénèrent leurs idoles en les cristallisant, pire, en les mortifiant définitivement. Les deux Julien qui composent le groupe nous mettent au parfum : le choix de ce nom en forme d’hommage ne prend sens que lorsqu’il est envisagé comme l’annonce, certes elliptique, d’un parcours initiatique à suivre. «Hey Hey My My, Rock’n roll can never die» était la rime de Neil Young, que ces musiciens parisiens reprennent à leur compte, comme un slogan ou un oracle, riche de promesses.

Pourtant, à écouter ce premier album éponyme, le rock’n roll n’est pas exactement là où on l’attend : ni électrique, ni forcément contestataire, c’est sous des abords veloutés qu’il traverse l’album et lui confère sans doute cette cohérence remarquable. Car Hey Hey My My s’écoute d’un trait, un exploit à l’heure du zapping et, immanquablement, un signe de qualité. La même exigence mélodique anime en effet chaque note de ces quatorze titres, qui lorgnent sans complexe vers le meilleur du folk rock anglophone.

Un canevas d’arpèges assez aigus, bientôt étoffé par le reste des instruments (nappes acoustiques des guitares, basse, batterie) : tel est le premier contact que noue avec l’auditeur “Merryland”. Quand vient le refrain, aérien et fédérateur en diable, le potentiel de ce groupe explose, sans se vautrer une seconde dans le fossé de la facilité. Ici, tout est retenue, demi-teintes, décisions parfaitement opportunes : on ne retirerait rien de ce premier titre, ni son thème entêtant aux arpèges, ni sa fin pastorale. Hey Hey My My, c’est un peu un concentré de concision et de bon goût, en quatorze leçons. “I Need Sometime”, avec son apparence un peu rétro – on pense effectivement à n’importe quel bon morceau acoustique de Neil Young – s’avère éminemment contemporain, avec son refrain addictif, décidément le point fort de la formation parisienne. «I need some time to wonder why», dit-il, mais une chose est sûre, pas besoin de temps ni de questionnement existentiel pour apprécier la musique de Hey Hey My My à sa juste valeur.

“Easy” revêt un abord plus rock, avec l’intrusion, discrète certes, d’une guitare au rendu plus rêche. L’album comporte quelques-uns de ces virages plus ou moins électrisés, avec toujours le même don pour la mélodie et les arrangements ambitieux. “Don’t Tell Me Now” réssucite un peu, sur le refrain, les facéties de Eels, tandis que l’ajout d’une boîte à ryhtme confère une profondeur nouvelle à ce folk à trouvailles (“In The Lake”, “Picking”). Le reste de l’album évolue nonchalemment, entre ballades pastorales et morceaux bien ficelés. La prétention pop de certains titres est parfaitement assumée, et le résultat n’en est que plus spontané … et efficace (“Belle & Julian”, “Want It More”).
“Your Eyes When We Kiss”, avec ses paroles douces-amères, marche sur les traces d’Herman Düne avec ce je-ne-sais-quoi de singularité qui les rend encore plus attachants que leurs grands frères franco-suèdois. Et lorsqu’une chanteuse à l’accent imparfait, quoique charmant, s’imisce dans les compositions (“Morricone”, “Picking”), Hey Hey My My fait revivre les contributions vocales hypnotiques de Moe Tucker au sein du Velvet Underground sur leur album éponyme.

On éprouve un enthousiasme sans borne dès la première écoute de ce Hey Hey My My, tant la richesse mélodique a rendez-vous avec les talents de composition du groupe. Et, mieux encore : l’enthousiasme en question franchit avec succès l’épreuve d’une écoute répétée et assidue, preuve sans doute que le groupe fait désormais partie de nos chouchous en lice pour le palmarès 2007.

– Lire aussi l’interview de Hey Hey My My
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– Le site du label