En vrac : Josh Rouse, The Duke Spirit, M.A.S.S, Adam Green, Hope Of the states, Electrelane, Britta Phillips & Dean Wareham, Yo la Tengo… et bien d’autres!
En l’espace de 21 minutes, The Duke Spirit renoue avec un rock bourgeois et arty que l’on croyait éteint depuis feu Jeffrey Lee Pierce. Cet insolent quatuor basé à Londres dégage à travers ses compos un charisme énigmatique et une élégance rare sur fond de rock aiguisé. On a beau essayer de chercher d’autres références, impossible de ne pas penser à un croisement improbable entre Mazzy Star et le Gun club. Le joli brin de voix de Leila Moss y est certainement pour quelque chose et envoûte ses sujets sur fond de slide guitare et larsen atmosphérique.
Leur premier Ep,Roll spirit Roll (il faut en avoir pour user d’un tel titre) fait mieux en six titres que la discographie additionnée de The Kills et les Raveonettes. Enfin, pour finir d’assommer la concurrence, notons que c’est Simon Raymonde (ex-Cocteau Twin et le boss de Bella Union) qui a pris en main la destinée de ces effrontés. Glorieuse assurément.
The Duke Spirit, Roll Spirit Roll (City rockers/Bella Union)
–Duke spirit.com
Great Yarmouth, petite station balnéaire britannique bien tranquille, est devenu en quelques mois l’un des girons rock les plus côtés du moment. Non content d’avoir enfanté les clownesques The Darkness, il faudra aussi désormais compter sur les agités de M.A.S.S. Leur second single « Live a little » est un tube bubble gum à usage immédiat : Imaginez Karen O et Jack White ensemble sur le ring, vous obtiendrez un right uppercut labellisé M.A.S.S. La stratégie d’attaque est pourtant simple mais à fait ses preuves depuis 40 ans : un refrain basique mais indétrônable (« Yeah ») et un riff implacable.
Résultat : le morceau rock le plus efficace entendu depuis « Seven Nation Army » et « No, Not now ». Avec un album déjà bouclé et imminent, le groupe fera une halte le 8 novembre à la Boule noire parisienne dans le cadre du festival des Inrocks. La journée sera dure à boucler avec les Warlocks pas loin. Choose or loose…
M.A.S.S « Live a little » CD 2 titre (purr records/chronowax)
–Le site en français de M.A.S.S
On a déjà dit tout le bien que l’on pense d’Adam Green, jeune poète trash New Yorkais, digne descendant de Jonathan Richman. « Jessica », hymne en l’honneur de cette bonne mère de famille qu’est Jessica Simpson, est l’un des meilleurs titres de son second album solo Friends of mine. La chanson éponyme est d’ailleurs présente ici, que du bon donc.
Question inédit, « Don’t smoke the Bronx zoo » est une charmante arnaque, fidèle à l’esprit de l’ex Moldy Peaches : un petit morveux nous chante sur un dictaphone pourri, les méfaits de la cigarette. La prochaine campagne anti-tabac de François Mattei, à coup sûr. Mais pour être véritablement rassasié, il faut aller à la dernière plage de ce EP : une reprise du « Kokomo » des Beach Boys tirée du bien mièvre Cocktail (avec un ridicule Tom Cruise en barman jongleur de bouteilles Shampoomy). Pour l’occasion, Adam a convié son copain Ben Kweller pour remplacer Carl Wilson. Le lifting opéré par les deux compères sur ce titre ringard est totalement jouissif. Certainement la reprise la plus fun du moment. Tiens, j’en reprends une louche d’ailleurs.
Adam Green, « Jessica » EP 5 titres (Rough trade/import)
–Le site d’Adam Green
A la Pinkushion team, on suit de très près les faits et gestes d’Hope Of the states, surtout depuis leur impressionnant premier single « Billion dollar babies ». Le récent transfuge chez Sony ne semble pas pour autant avoir contraint l' »espoir de la nation » à baisser la garde des compromissions. « Enemies/Friends », second single continue de forger un rock désespéré mêlant les envolées shoegazing de My Bloody Valentine aux travaux plus pop de Belle & Sebastian. Un poil moins traumatisant que le précédent méfait, mais toujours aussi imparable. Là aussi, on attend leur premier album qui devrait changer la face du monde, si tout se passe bien.
Hope of the states, Enemies/friends cd 3 titres (Seeker/Sony Music/import)
-Le site du groupe
Produit pas Steve Albini, le rock brouillon d’Electrelane semble avoir pris du galon depuis leur médiocre premier effort en 2001. On parade, joli cd 3 titres augure de biens bonnes dispositions : un single bricolo/pop dans la lignée de la bande à Robert Pollard, suivit d’une reprise méconnaissable du Boss (« I’m on fire ») très ambiance post punk « 1981 ». Malgré des influences américaines ici encore trop évidentes, ce quartet basé à Brighton possède une bonne dose d’énergie salutaire. Un second album prévu pour janvier 2004.
Electrelane, On parade cd 3 titres (Purr records/Beggars)
–Le site d’Electrelane
On ne sait ce qui est passé par la tête de Britta Phillips & Dean Wareham pour filer les bandes de l’Avventura à ce cinglé de Sonic Boom, mais c’est certainement une idée de génie. L’ex-Spacemen 3 ne s’est pas fait prier pour gommer la production un peu trop lisse de Tony Visconti où six des meilleurs morceaux de l’album sont repassés au peigne fin. Et là, le miracle opère : pour la première fois depuis 13 ans, le Galaxie 500 renaît de ses cendres.
Le savoir-faire légendaire Mr Sonic Boom qui consiste à insuffler ce son à la fois ample et bouleversant rend presque dérisoire 10 ans de service au sein de Luna. Peut-être aurait-il fallu commencer par-là au lieu de virer Damon & Naomi, hein Dean? Enfin, bon on fait la fine bouche… Mention spéciale également pour la pochette où Mr Wareham, torse nue, se fait shampouiner par Miss Phillips. Du grand art.
Britta Phillips & Dean Wareham, Sonic souvenirs EP 6 titres (Jet set records/import)
–Le site officiel
Les vieux irréductibles de Yo la Tengo refont élégamment parler d’eux avec un EP 6 titres intitulé Today is the day. Et effectivement, le groupe semble s’être repris en main depuis le décevant Summer Sun. Le trio d’Hoboken s’est d’abord réconcilié avec la distorsion et empile quatre inédits tirées de session live et studios, éparpillées entre 1999 et 2002. L’ensemble est étonnamment cohérent pour des périodes aussi espacés. A noter, une reprise de Bert Jansch (« Needle and death ») et une version alternative de « Cherry Chapstick ». Youpi Tengo!
Yo la tengo, Today is the Day EP 6 titres (Matador)
– Le site officiel
Mehdi Pinson à la guitare et au micro, Ludovic Therrault à la basse, Alfredo Ortiz à la batterie et Koool G.Murder aux claviers qui nous livrent ici un EP prometteur : outre un rock sautillant rappelant étrangement, surtout dans le chant, Fugazi mais aussi Brad, Scenario Rock semble particulièrement privilégier les mélodies dans l’alternance de rythmes doux et durs. Le titre Quarrel se démarque des autres titres par un collectif de violons qui marque véritablement l’auditeur, et ce dès la première écoute, ce qui est déjà un exploit. Ce disque enivre et donne envie de goûter la suite, un album annoncé pour Janvier 2004, Endless Season, que l’on savourera comme une bière dont on vient de goûter la première gorgée…
–Scenario Rock « Scenario Rock »
Le producteur de U2, Peter Gabriel et Bob Dylan s’offre ici un duo avec Bono qui sent bon la basse chaude, les chuchotements chantés et ce son de guitare tellement chaleureux. Récupérant comme nul autre ne sait le faire les sons de ses ancêtres, Daniel Lanois nous chante des ballades plus qu’agréables. Falling at your feet pourrait figurer dans un album de U2. Pas étonnant puisqu’elle a été écrite pendant les sessions d’All That You Can Leave Behind. « As tears roll by » s’écoute paisiblement, et provoquera même un brin de nostalgie.
–Daniel Lanois – Falling at your Feet
Tiré de son album 1972, année de naissance de Josh Rouse, « Love Vibration » nous invite à un peu d’optimisme dans un monde devenu insécuritaire. Pour se faire il est allé chercher les us et coutumes des années 1970 pour l’exprimer. Une période hippie révolue où les flûtes, les cuivres et les choeurs étaient la panacée.
« Knights of Loneliness » fera patienter tous ceux qui attendent un nouvel album de dEUS. La voix de Josh Rouse ressemble à s’y méprendre (j’ai fait le test autour de moi) à Tom Barman, le chanteur de dEUS. Pas que la voix d’ailleurs, ça ressemble diablement à « Little Arithmetics » ou « Instant Street ». Si ce n’est pas assez pour vous convaincre, alors j’abandonne…
–Josh Rouse – Love Vibration(Naive)