Même si le premier album (sur lequel nous reviendrons plus longuement sous peu) est déjà auréolé de louanges par une critique quasi-unanime, il est fortement recommandé ne pas passer à côté du premier EP de cette formation de Seattle, sorti au printemps dernier. En premier lieu parce que ces cinq compositions ne figurent pas sur l’épreuve du long format, et s’avèrent autant indispensables. Signé chez Sub pop aux Etats-Unis et Bella Union en Europe, ce quintet est indéniablement la révélation pop folk de ce premier semestre, avec l’ermite du Wisconsin Bon Iver. Tous deux d’ailleurs entretiennent une dévotion commune pour le gospel, ce chant sacré issu des afro-américains émancipés – les harmonies vocales complexes du tout jeune songwriter de 22 ans, Robyn Pecknold, tiennent une place prépondérante dans cette magie. Une folk pastorale, mystique, voilée d’une reverb sans âge, cousine du grandiose At Down des néo-précurseurs My Morning Jacket. Ainsi va l’hymne “Drops in The River” qui s’ouvre solennel comme une sacristie, puis entame une ascension vertigineuse, investi de choeurs à tomber par terre. Autre point d’orgue, “Mykonos” somptueuse ballade au silence spatial, qui tutoie évidemment l’Olympe (mais pas celui de Nikos Aliagas). Fleet Foxes ne se laisse pas pour autant submerger par l’héritage americana et infiltre quelques touches d’après Renaissance, pas seulement en regard de cette peinture du peintre flamand Bruegel qui orne le LP, mais aussi sur la cathédrale baroque “English House” sertie d’arrangements de soie. Ce début, proprement immaculé, éclabousse les oreilles de sa grâce.
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