Qui se souvient vraiment d’Alabama 3 ? A peine si les plus mélomanes des fans de la série The Sopranos savent-ils que ces Anglais en ont signé le titre générique. Ou alors, revient en mémoire un disque noir publié en 2000, La Peste, disque qui connut un grand succès… dans la jungle des bacs à soldes. En France, en tout cas. Car chez eux, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis, la bande de The Very Reverend Dr. D. Wayne Love (de son vrai nom Jake Black) et Larry Love (Rob Spragg) n’ère pas dans l’inconnu, en apparaissant, outre la série culte, dans les B.O. de plusieurs blockbusters comme Gone in 60 Seconds et 3000 Miles To Graceland. A3 (nom utilisé aux States pour éviter tout conflit avec le groupe Alabama) a même connu l’honneur d’être détourné pour la série The Simpsons. Mais au-delà de la piste aux étoiles, Alabama 3 doit ce succès à une musique hybride particulièrement accrocheuse et digeste tant elle brasse les genres avec aisance. Sans disposer de l’indispensable menefreghismo (ce détachement salutaire, teinté d’humour, et un rien hautain qui fit, selon Nick Tosches, la gloire de Dean Martin) des lointains cousins que sont les Allemands Mardi Gras BB (dirigé par Reverend Krug, tiens tiens…) ou, plus proches, les New-Yorkais Fun Lovin’ Criminals, Alabama 3 jongle aussi aisément que les deux groupes précités avec les styles. Mélange massif et rocailleux de country, blues, hip-hop et acid house, leur musique ratisse large mais n’oublie pas pour autant l’efficacité. Pour preuves l’excellente “Hello… I’m Johnny Cash”, logiquement construite autour des titres des plus grands succès du Révérend (décidément) en noir, ou encore la bombe “Woody Guthrie”, sans parler de leur tube “Too Sick To Pray”. Finalement, ce best-of joue pleinement son rôle en rappelant aux néophytes les qualités du groupe (la p… de voix de Jake Black, une mixture sans surprise mais tout à fait appréciable, une capacité de travail énorme – 6 albums en 8 ans -, un son écrasant…) comme ses défauts (une certaine fixité dans son style et des chansons bien trop longues). Clairement pas le groupe du siècle, mais un groupe bien dans son siècle. C’est déjà ça.
– Leur site officiel