Il y a encore 15 ans, la musique électronique c’était un peu comme Internet aujourd’hui. On ne savait pas où cette chose excitante nous emmenait, mais chaque semaine apportait son lot d’innovation, le futur s’annonçait palpitant. Et puis le grand bug du XXIe franchi, la musique du futur est un peu rentrée dans le rang et suit finalement la même progression que le rock. Les avancés capitales apportées par un Aphex Twin se font plus rares, le genre revisite sa propre histoire et ses cycles pour se reconstruire perpétuellement. Une nouvelle phase s’amorce naturellement. Le DJ d’Oslø Hans Peter Lindstrøm est l’un de ces rénovateurs les plus emblématiques. Auteur de quelques remarquables singles (en solo ou avec Prins Thomas) bardés de pulsations space disco, quelques prospères remixes pour Franz Ferdinand et LCD Soundsystem ont fini de lui assurer une belle renommée hors de ses frontières norvégiennes. Where You Go I go Too est son oeuvre la plus ambitieuse. D’abord parce que ce LP est une grande odyssée cosmique, ensuite parce qu’il parvient à réconcilier magnifiquement sophistication dansante et culture populaire au sens très large. Sur les trois plages fleuve de Where You Go I go Too (la première atteint une demi heure), Lindstrøm tisse une frise chronologique synthétique remontant progressivement les figures des années 80 incontournables : Oxygen de JMJ, les scores carcéraux suintant de Giorgio Moroder, ou encore les basses elliptiques de “Thriller” Bambi Jackson glissent dans son grand entonnoir tubulaire. Musique moderniste ou foncièrement nostalgique ? Quelque part entre les deux, les nappes liquides à quartz de Lindstrøm ouvrent incontestablement de nouvelles perspectives hybrides au dance floor. Serait-on prêt à le suivre ? Rusée, la sensation norvégienne à de quoi sourire sur sa couverture.
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