Déconcertant choix de patronyme que celui emprunté à La femme de la nuit, péloche datée du cinéma fantastique eighties, que l’on sauvera néanmoins pour la beauté persane de Michel Pfeiffer. Après tout, d’autres rockers chez Secretly Canadian en ont fait de même. Sur le fond musical, cette néo-zéolandaise en solitaire nous évoquerait plutôt d’autres nuits, celles « sans Kim Wilde ». Ladyhawke s’habille comme une prêtresse folk new age — à moins que ce ne soit Tina Turner dans Mad Max. Mais par dessus tout, elle brille dans la fluorescence de sa pop néo new wave, en prônant la domination des synthés aux couleurs des années 1983-1987 et des guitares clignotantes, redoutablement synchrones avec les effets lumineux de la piste aux étoiles enfumée. On renifle la faute de goût impardonnable à des kilomètres. Seulement voilà, il est entendu aujourd’hui que plus le mauvais goût est assumé, plus il devient tendance. C’était pourtant mal barré au départ pour cette néo-zélandaise à la timidité maladive — deux points commun entretenus avec la suédoise Sally Shapiro et sa disco Romance. Mais la Ladyhawke se soigne à grand fracas d’exubérance mélodique, développant un sens peu commun lorsqu’il s’agit de commettre la mélodie qui tue, chose dont elle s’acquitte prodigieusement sur les douze titres de l’album. Dans sa fiole magique ? Un zest de mélancolie juvénile alignée sur des tempos enlevés (« Manipulating Woman ») et des refrains organisés en traquenard (« My Delirium »). Et puis après que The Teenagers ait fait la promotion des nuits de notre capitale avec « Streets Of Paris », elle reprend en mieux le flambeau avec “Paris is Burning”. Le titre fait déjà un malheur dans la sono du très select Cha-cha club, coincé dans la playlist entre France Gall et Joy Division. Que dire de plus ? Cela a le goût du Stymerol citron, délicieusement éphémère en bouche. Tant pis si le paquet est vite consommé.