Le Coq est un musicien à part. La posture plutôt modeste qui se dessine avec la discographie du Nantais révèle au fil du temps une réelle sensibilité aux croisées des mondes. Il s’agit toujours d’une mélancolie transversale qui n’étouffe jamais les morceaux mais qui les teint avec des couleurs sombres, en y posant une fine couche de poussière élégante. Si sa poésie réside dans une écriture à la fois simple et riche, à la différence de Tête de Gondole, sorti il y a maintenant trois ans, Le Coq élargit son intimité dans son quatrième album, D’Arradon, en s’entourant des musiciens comme Charles-Eric Charrier aka Oldman à la basse (déjà présent sur Tête de Gondole), Luc Rambo au piano, Erwan Dacquin et Jonathan Seilman (This Melodramatic Sauna) au saxophone, Benjamin Jarry au violoncelle, Mathieu Normand à la trompette ou encore Marc Morvan au choeur basse. Cela donne lieu à des compositions presque orchestrales comme le magnifique “Des Bras à Bas Prix”, un long morceau en deux parties. Mais le véritable apport du musicien nantais est, comme dans ses opus précédents, de parler de la mélancolie, de l’ennui ou de l’angoisse comme dans “Décembre” ou encore “Dimanche de Chien”, des morceaux plutôt brumeux, toujours avec cette légèreté audacieuse qui rend à l’âme tout son éclat sombre et ses contours précis sans en livrer une image abstraite ou lointaine, ni enveloppée par un pathos gratuit — un aspect auquel beaucoup de musiciens de la scène française actuelle font appel, et cela souvent inutilement. D’Arradon dévoile une sincérité incomparable et un véritable noyau musical traversé par des lieux et des sentiments, dont les impressions rayonnent à travers chaque composition.
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– Lire également la chronique de Tête de Gondole (2006)