Dix-huit ans… Dix-huit ans que se faisait attendre la suite du premier album de Cardinal, paru en 1994 en toute confidentialité sur le minuscule label Flydaddy, et devenu depuis l’objet d’un culte fervent.


Cardinal, ce miracle de mélodies soyeuses et tamisées, tranchait avec le raffut sale et nauséeux du grunge dominant. Ses démiurges, l’Australien Richard Davies (ex Moles) et le dandy californien Eric Matthews, se distinguaient par leur ambition : redonner à
la pop son lustre selon les canons esthétiques jadis établis par Lennon et McCartney sur « Eleanor Rigby ». Avec ce coup de maître, Cardinal posa les jalons de la pop-folk de chambre moderne, ouvrant la voie à d’autres orfèvres de la mélodie tels qu’Elliott Smith, Ron Sexsmith ou encore Joe Pernice.

2012 signe donc les retrouvailles inespérées de cette paire d’as, dont chacun a longtemps œuvré en solo ou pour d’autres musiciens (détails ci-dessous). L’occasion de pointer ce très digne Hymns, un plébiscite au talent de composition du trop rare Richard Davies, où l’on se délecte de ses harmonies vocales doublées, à l’étoffe incomparable. Sans oublier l’élégance des orchestrations d’Eric Matthews (ah! ses trompettes victoriennes..). Du baroque au bar rock, la sainte union réserve sur ce deuxième album quelques belles surprises d’émancipation… Peu de disques pourront prétendre cette année détenir un tel cachet d’intemporalité. Voici notre rencontre avec les deux points cardinaux, via messagerie interposée…

Pinkushion : Il y a une question que vous ne pouvez éviter. Pourquoi avoir attendu dix-huit ans pour enregistrer le deuxième album de Cardinal ?

Eric Matthews : Richard et moi avions chacun emprunté différents chemins, et le fait de ne pas vivre dans la même ville ces dix-neuf dernières années a certainement eu des répercussions. Richard enregistrait des albums solo et se consacrait aussi à d’autres projets musicaux. J’ai commencé à travailler avec d’autres groupes (Dandy Warhols, Tahiti 80, Ivy, Brookville, etc.) et à produire des projets avec de nouveaux artistes. J’ai aussi enregistré quelques albums solo et travaillé sur des projets de film, et même commencé un nouveau groupe, Seinking ships. La musique est toute ma vie, je ne fais rien d’autre. Richard mène une existence très différente, il a un vrai travail, procureur de justice, et il a deux enfants. Mais beaucoup trop de temps s’est écoulé et Richard a recommencé à m’envoyer des chansons. Avec ma contribution en tant que producteur et arrangeur, ce vieux son qui caractérisait Cardinal nous est réapparu.

Richard Davies : Eric a déménagé sur la côte Ouest, je me suis lancé dans des études de droit et j’ai eu deux enfants. Nous n’avons jamais envisagé Cardinal comme un groupe dans le sens traditionnel du terme.

Étiez-vous toujours en contact durant toutes ces années ?

Eric Matthews : Oui, de façon intermittente. Nous avons commencé à nous reparler en 2004 à l’occasion de la réédition de notre album. Nous avons travaillé sur le livret, et surtout sur la compilation de bonus, qui figure sur l’édition Deluxe de la réédition. C’est vraiment ce qui a relancé notre collaboration musicale.

Richard Davies : Périodiquement. Nous étions plus ou moins en contact, sans non plus avoir de conversations sérieuses sur le plan musical. En 2004, on se parlait régulièrement, car on a commencé à travailler ensemble sur des chansons. Donc de 2004 à 2012, nous sommes restés activement en contact.

Comment décririez-vous chacun votre approche d’écriture et la façon dont les deux se complètent au sein de Cardinal ?

Eric Matthews : Et bien, mon approche de compositeur n’est pas un facteur prépondérant dans la musique de Cardinal. Sur les trente chansons de Cardinal connues, j’en ai écrit seulement deux (« Dream Figure » et « Surviving Paris »). J’ai écrit le piano et la structure entière de « General Hospital », mais Richard a trouvé la brillante mélodie vocale et les paroles. Cardinal est la réunion des chansons de Richard et de ma production et mes arrangements.

L’écriture de Richard a traversé plusieurs phases. Lorsque nous avons commencé, Richard composait une musique qui me parlait, des pop songs de l’ère classique. Il travaillait à partir des structures parfaites établies par les Beatles et les Bee Gees. Il était particulièrement doué pour les chorus pop accrocheurs. Au fil des années, son approche est devenue plus expérimentale (particulièrement en solo), et il s’est éloigné des méthodes d’écriture traditionnelles. J’adore son travail. Son album de 1995, There’s Never Been a Crowd Like This, en est un bon exemple. Il travaille en faisant abstraction des règles, tout en aboutissant à de grandes idées musicales. Sur Hymns, son écriture revient à une approche plus traditionnelle dans sa structure. La chanson « Her » (celle sur laquelle je chante) est en fait une jolie et romantique pop song. Les adolescentes vont adorer.

Richard Davis : Au fil des années, mon écriture avance, je me range de plus en plus du côté des songwriters traditionnels. Je pense aux mélodies et aux accords chaque nuit dans mon sous-sol, et j’essaie d’enregistrer toutes les idées que je peux rassembler – parfois je perds le résultat en chemin, volontairement ou involontairement… Cependant, la plupart des idées que j’évacue sont enregistrées pour une évaluation plus poussée, puis passent par un processus de tri douloureux. Ouch! Ouch! J’apporte généralement les mots, les accords et les mélodies, Eric fournit les arrangements, mais ce n’est pas toujours le cas (par exemple, « Hospital General »).

Vous souvenez-vous de l’atmosphère pendant les sessions d’enregistrement du premier album de Cardinal ?

Eric Matthews : Oui, c’était un mélange de plaisir et de pression incroyable. Nous avions un budget à tenir et le temps était court : une semaine pour tout enregistrer. Il y avait de bons moments et quelques rires, mais l’ambiance était surtout très disciplinée et ordonnée. Surtout, je me souviens avoir été impressionné par la manière dont le travail sortait. Grâce aux gens qui ont participé aux sessions (Tony Lash, mon frère Wes et notre batteur Steven Hanford), Cardinal a abouti à une œuvre musicale d’envergure. C’était un impressionnant collectif de musiciens et le résultat fut vraiment réjouissant. Faire un disque demande de travailler dur, mais il n’y a presque rien de plus gratifiant que de l’entendre à travers les retours d’un grand moniteur en studio. Preuve en est que des idées peuvent se transformer en quelque chose de réel.

Richard Davies : Beaucoup de pression. Je suis très tendu quand il s’agit d’enregistrer – ou du moins je l’étais quand j’étais plus jeune – car je voulais obtenir exactement ce que j’entendais dans ma tête. Mon attitude a quelque peu changé depuis cette période, elle évolue toujours en fait, mais d’une manière intéressante. Pour le premier album, ce fut aussi un soulagement et un plaisir que d’être enfin en mesure de réaliser ces chansons avec des gens aussi talentueux. Je me souviens que malgré la tension en studio, il y avait aussi un sentiment de croyance et de confiance, et beaucoup de rires aussi, surtout au moment de passer la commande au drive-in du Taco Bell.

18 ans après, le premier album de Cardinal  a (presque) gardé ses couleurs d'origine



Et aujourd’hui, votre collaboration a-t-elle évolué vers autre chose, une alchimie inattendue ?

Eric Matthews : Pas vraiment. Nous avons réalisé ce disque à distance, par « la poste ». J’ai produit et composé les arrangements un peu comme je le fais d’habitude avec d’autres clients. La différence ici c’est que c’est pour Cardinal (Richard et moi chantant ensemble). Au final, c’est tout ce dont il s’agit.

Richard Davies : En fait, notre collaboration repose essentiellement sur la distance – nous n’avons pas été dans la même pièce depuis une éternité, on a donc dû s’envoyer nos parties respectives – parfois, c’est un processus douloureux, mais cela a fonctionné jusqu’ici. Je pense que sur « Hospital General » notre façon de travailler a pris une tournure intéressante. Nous n’avions pas encore expérimenté cela auparavant et ce fut vraiment un plaisir ; c’était beaucoup plus naturel que ce que nous avions prévu. Nous avons quelque chose à creuser en jouant ensemble – développer des idées de base collectivement, trouver un chemin parfois différent pour élever une chanson. Nous l’avions fait sur « Last Poems » et « Big Mink » sur le premier album, et de bonnes idées en avaient découlé. Bien que la quarantaine se soit invitée dans nos vies, nous avons encore pas mal de pistes à explorer. D’autres groupes de notre génération, même ceux qui ont eu des hauts et des bas depuis 1994, y compris certains avec une carrière commercialement très réussie, semblent malheureusement ne plus rien avoir dans le réservoir.

Pourriez-vous expliquer la signification du titre de l’album, Hymns ? Est-ce ironique ? En tant que groupe considéré comme « pop de chambre moderne », vous ne jouez pas des chansons pour les stades comme U2 !

Eric Matthews : Le titre vient de Richard. Si vous lisez attentivement les paroles, il y a des images de l’Église, des mentions sur Dieu et la prière. Je ne pense pas qu’il y ait de l’ironie là-dedans. Nous nous sommes, après tout, appelés Cardinal. Et non, Cardinal n’est pas le prochain Coldplay. Nous ne sommes pas comme ça.

Richard Davis : Tout a commencé avec une image dans ma tête – en observant la façon dont les hymnes sont affichés dans l’église sur une planche, afin de savoir ce qu’il faut chanter. J’ai aimé cette image. J’ai des journées plutôt chargées, entre la cour de justice et la maison, j’ai une famille, un cabinet d’avocats, et mes amis musiciens avec qui je joue. L’écriture de la musique est en quelque sorte mon « temps libre », comme être à l’église peut être une rupture sur l’ensemble de votre vie.

Y a-t-il des chansons écrites ensemble « main dans la main » sur l’album ?

Eric Matthews : « General Hospital » a été co-écrite. J’ai écrit tous les accords puis envoyé à Richard pour trouver le chant. Il me l’a ensuite renvoyée pour poser les arrangements complets. J’ai commencé avec les vocaux puis ensuite les cuivres. Je voulais garder ce côté simple, pas trop achalandé, conserver le piano et le chant de telle façon que la voix principale de Richard soit vraiment la pièce maîtresse de la chanson. Pour ma part, l’unique « chanson » que j’ai composée seul sur l’album est un grand instrumental orchestré, « Surviving Paris ». Pour les autres chansons, celles de Richard, il démarre avec les parties de guitare principales, qu’il enregistre, puis il pose son chant. Je récupère ensuite la matière, Richard approuve mes idées, fait des suggestions et je lui envoie les chansons en retour pour qu’il puisse faire des vocaux supplémentaires, etc. Nous connaissons nos rôles respectifs. Vous pouvez lire tous les détails à ce sujet sur les crédits de notre CD.

Richard Davies : « Hospital Général » a été co-écrite à la manière de la Tin Pan Alley de Broadway (ndlr : célébre institution américaine de publication et de songwriters). Plus fondamentalement, la co-écriture implique de savoir dire « NON ! », « Absolument pas ! » ou  » je ne comprends pas cela ! ». Selon qui dit ceci ou cela, l’autre doit réagir et réécrire un peu plus la chanson, ou revenir en arrière et travailler un peu plus sur les arrangements.

On retrouve sur Hymns les éléments caractéristiques du son du premier Cardinal – arrangements de cordes, trompette, clavecin, Rickenbackers –, et en même temps, l’album explore de nouvelles directions. Nous pouvons même entendre de la distorsion sur les guitares, certains fans seront surpris !

Eric Matthews : Les années ont passé depuis 1994 et je me suis perfectionné en guitare. J’ai voulu créer beaucoup d’ambiances électriques dans les chansons, remplir l’espace et ainsi réactualiser notre son. Avec mon jeu de batterie, j’ai aussi tenté une approche plus agressive de l’instrument. Je pense que vous faites particulièrement allusion au titre « Love like Rain », un titre rock assez direct. Richard est un fan de certains groupes au son sale et punky. Sur ce morceau, il a commencé avec une approche très acoustique et directe. Je pensais plutôt empiler beaucoup de bruit et rendre le morceau plus crade et fun. J’ai, en quelque sorte, réussi à devenir Captain Sensible (un de mes héros) sur ce morceau.

Richard Davis : Oui, cela sonne toujours comme le premier album, mais je voulais absolument des guitares sur ce coup. J’ai toujours aimé l’esprit punk et les guitares vibrantes, j’ai juste eu à les faire entrer dans le contexte de cet album. Je voulais écrire un morceau de pub rock comme Status Quo. Nous semblons désormais être en mesure d’aborder à peu près tout ce que nous voulons.

L’album se partage entre des chansons avec des arrangements ambitieux et d’autres plus intimes et épurées. Est-il difficile de trouver cette cohésion, cette harmonie entre les chansons ? Avez-vous écarté des chansons sur l’album qui ne correspondaient pas à l’esprit du disque ?

Eric Matthews : J’aime les disques qui mélangent les textures et permettent de respirer. Certaines chansons sur Hymns sont denses, énormes et vraiment ornées. Il est bon d’avoir un « General Hospital ou un « Her », qui viennent procurer une sensation de détente. Faire des disques tels que je les conçois dans mon idéal implique de créer des illusions et de privilégier un sentiment dans une pièce, une expérience. De nombreux groupes de ces vingt-cinq dernières années semblent ne pas concevoir les choses de cette façon. Le mot clé est « dynamique ». Malheureusement, depuis Nirvana, ce mot signifie avoir au sein d’une chanson une partie puissante puis une partie douce. C’est une façon simpliste de voir les choses. L’effet est plus souhaitable s’il est réalisé sur un plus grand corps de travail, dans un ensemble de chansons. L’approche rejoint celle du compositeur de musique d’antan, structurant une symphonie. Il faut un adagio approprié de temps en temps pour vous faire oublier le tintamarre des trompettes et des percussions du mouvement précédent.

Pouvez-vous choisir vos deux chansons préférées sur l’album et les commenter ?

Eric Matthews : Ma favorite est « General Hospital ». Je suppose que c’est parce que j’aime le son de mon piano, mais surtout, je pense que ce sont la mélodie et les paroles les plus profondes que Richard aient écrites depuis au moins dix ans. Les paroles sont magnifiques et la façon dont la chanson se termine est une des plus belles que j’ai jamais entendues. Mes accords de piano plaintifs et ces longues notes finales de laiton, avec le compte à rebours de Richard fonctionnant tel une anesthésie… c’est tellement théâtral et dramatique ! Ma chanson favorite suivante est « Radio Birdman ». Elle dégage quelque chose de très fanfare, une attitude très « pop virile ». J’ai vraiment appris à obtenir de ma guitare électrique un peu de folie sur celle-là. De façon générale, il s’agit simplement de comment le groupe sonne ensemble. La batterie est très agressive et le tout fonctionne très bien. Et la fin avec ses paroles « Here it in your headphones …  » est vraiment hypnotique et une excellente façon de conclure l’album.

Richard Davies : « Kal » a été la première chanson commencée, et quasiment la dernière à être terminée. Je considère le résultat comme un travail conséquent qui en valait la peine. La suivante serait un lien entre « General Hospital » et « Carbolic Smoke Ball ». Si vous n’aimez pas Cardinal, vous mépriserez ces chansons. Par contre, si vous aimez le groupe, celles-ci combleront vos attentes.

Pour conclure, devrons-nous attendre encore dix-huit ans pour entendre le troisième album de Cardinal ?

Eric Matthews : S’il y a un autre album, ce sera parce que celui-ci aura rencontré un certain succès. Nous avons besoin de ce carburant pour vouloir continuer. C’est prendre un grand risque que de faire attendre un fan dix-huit ans pour écouter un deuxième album. Si nos fans sont suffisamment fidèles, alors je pense qu’ils aimeront et achèteront le disque. Mais oui, il pourrait y avoir un autre disque. Mais tout ceci est tellement hypothétique….

Richard Davies : Cela dépend. En ce moment nous ne pensons pas à un autre album, nous nous concentrons sur la promotion du disque. Mais on ne sait jamais : je pourrais avoir quelques idées dans ma tête qui déboucheraient sur une bonne chanson de Cardinal : si cela se produit alors… qui sait?

Et la question rituelle. Vos cinq albums préférés de tous les temps ?

Eric Matthews :

1. Scott Walker : 3

2. David Sylvian : Secrets of the beehive

3. The Divine Comedy : Cassanova

4. The Damned : Strawberries

5. Depeche Mode : Some Great Reward

Richard Davies (en trichant un peu, car la question est difficile) :


1. Rolling Stones from Beggars Banquet to Exile on Main Street

2. Bee Gees : Best

3. The Beatles : Abbey Road

4. Some random Blues album

5. Select highlights of the Robert Pollard solo/Guided By Voices
catalog

Cardinal, Hymns (Fire Record/ Differ-ant)

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English version

Pinkushion : There is a question that you can’t escape. Why have you waited 17 years with Richard Davies to record a new Cardinal album ?

Eric Matthews : Richard and I were on different musical paths and the fact we haven’t lived in the same city for 19 years certainly had its effect. Richard was making solo records and doing other projects. I started working with other bands (Tahiti 80, Dandy Warhols, Ivy, Brookville, etc.) and producing projects with new artists. i wasmaking my solo records and working on film projects, and eventually started anew bands called seinking ships. Music is my full time life, i don’t do anything else. richard has a very different kind of life with a real job as an attorney and two kids. but enough time passed and yeah, Richard started handing me songs again and the sound of my production and arranging brought back that old cardinal sound and feel.

Richard T. Davies : Eric moved to the west coast and I went to law school and had 2 children. We never originally thought of Cardinal as a band in the traditional sense – Cardinal is still not a band in the traditional sense, even though we can sound quite traditional.

Were you still in contact with Richard during all these years ?

Eric : Yes, on and off. We mostly started talking again in 2004 when we got back together for the re-issue of our debut. We worked on liner notes and mostly in compiling bonus tracks for the deluxe edition of the re-issue. That really is what started the ball rolling on working together on music again.

Richard : Periodically. We’d touch base here and there – but not an ongoing conversation. Around 2004 or so we started communicating more regularly, because we were starting to work on songs together. So from around 2004 through 2012, we have been in fairly regular touch.

How would do you define each one’s songwriting approach and the way you complement each other ?

Eric : Well, my song writing isn’t really much of a factor with cardinal. Of the thirty known Cardinal songs I only wrote two (Dream figure and Surviving Paris). I did write the piano and whole structure of general hospital but richard wrote the brilliant vocal melody and lyric. Cardinal is a showcase of Richard’s songs and my production and arranging. That said, I can discuss Richard’s writing. Richard writing has gone through phases. When we started, Richard was writing what sounded to me classic-era pop songs. He worked in the well established structures as perfected by the Beatles and the Bee Gees. He was writing catchy pop choruses. over the years (especially on his own) he started getting more experimental and working outside traditional pop methods. I love that stuff from Richard. There’s never been a crowd like this, his 1995 album was a great example of this. He’s working without any rules and hitting some great musical strides. on hymns, he’s back to a more traditional path of structure and song form. the song her (the one song i sing the lead on) is actually a pretty and romantic pop song. Teenage girls will love it.

Richard : I am very much in the traditional camp as far as songwriting goes. I think of melodies and chords night after night in my basement and try to get as many ideas recorded as I can – I sometimes lose some of the results along the way, sometimes unintentionally. However, most of the ideas I spew out are recorded for further evaluation, and then go through a somewhat painful culling process. Ouch ! Ouch ! I generally come up with the words, the chords, the melodies, and Eric provides arrangements, but not always (eg General Hospital – Eric wrote a piano piece and I applied lyrics to it).

Do you remember the atmosphere during the recording sessions of Cardinal’s first album ?

Eric : Yes, it was a mix of fun and incredible pressure. We were on a budget and time was short. We had one week to record the whole record so tho there was some fun and some laughs it was mostly very disciplined and orderly. Mostly, what i remember is how impressive the work was coming out. With the guys we had around (tony lash, my brother wes, and our drummer steven hanford) cardinal was making some major musical achievements happen. It was an impressive collective of musicians and the results were really pleasing. Making a record is hard work but there’s almost nothing as rewarding as hearing it all back through those big expensive studio monitors – proof that ideas can be turned into something very real.

Richard : A lot of pressure. I get very uptight when it comes to recording – or at least I used to when I was younger, and wanting it to come out exactly as I hear it in my head. My process has changed somewhat since those days, and is in fact still evolving in interesting ways. But it was also a relief and a pleasure to finally be able to realize these songs with such talented people. I do remember that while there was spicy tension, there was also a sense of belief and confidence, and there were a lot of laughs too, especially at the Taco Bell drive-through window.

And now, has your collaboration has grown up to something else ? Has this alchemy evolved into something unexpected ?

Eric : Not really. we made this record remotely through « the mail ». I produced and wrote arrangements much like i do with my regular clients. The difference here is that it’s cardinal (richard and i singing together). In the end, that’s what it’s about.

Richard : Actually our collaboration is very much a long distance one – we’ve not been in the same room for a long long time, so we’ve had to send things back and fourth – sometimes a painful process – but it’s worked so far. I think « General Hospital » is one area where our way of working together has taken an interesting turn. We hadn’t drummed out a song in that way before and it really was a pleasure – much more natural than either of us may have anticipated. I am of the opinion that we have something to explore in ensemble playing – practicing basic ideas together, finding the occasional different way to ignite a song. We did that on « Last Poems » and « Big Mink » on the first album, and that led to some good stuff. Although middle age has invited itself into our lives, there are vistas of potential. Other bands of our generation, even bands that have risen and fallen since 1994, including some very commercially successful ones, appear unfortunately to have nothing left in the tank.

Could you explain the meaning of the title of the album, Hymns. Is it ironic or am I mistaken ? As considered a modern chamber pop band, you don’t play stadium rock songs like U2 !

Eric : Richard came up with the title. But if you look at the lyrics there are images of the church, mentions of god and prayer. I don’t think there’s any irony in it. we are after all called cardinal. And no, Cardinal is not the next Coldplay. We aren’t wired like that.

Richard : It started with an image in my head – seeing the way that hymns are displayed in church on a board so that you know what you will be singing. I liked the imagery of it. I have a busy schedule each day – I have jury trials, a family, a law practice, and musical friends who I play with on the Cape now and again. The music writing I do is kind of my « quiet time », like being in church is a break from the mainstream of your life.

Are there any collective songs written together « hand in hand », or did you come with your own songs and you then arranged them together ?

Eric : There’s one co-write on the record – « General Hospital ». I wrote all the chords and handed it to Richard to write a vocal. It was then handed back to me for a full arrangement. I started with the vocal arrangement and then moved on to the brass. I wanted to keep this one simple, not too much flourish. I wanted to preserve the piano and vocal vibe so that Richard’s main vocal would really be the centerpiece of the song. My only « song » is the big orchestral instrumental – surviving paris. As for the rest of the songs, Richard songs, he would write them, start the recording process doing the main guitars and his lead vocals. I would then get the songs and work out the arrangements. Richard would approve my ideas and make suggestions and I would send the songs back to him so he could do additional vocals, etc. We have our departments. You can read all about it in the credits section of our cd.

Richard : « General Hospital » was a co-write in the tin pan alley broadway sense. Other than that, co-writing involves saying NO ! Absolutely not ! I don’t get this ! Depending on who says it, the other one has to go back and write a bit more song, or go back and do a bit more arrangement.

There are still some Cardinal characteristics elements — chords, Trumpet, Harpsichord and Rickenbackers —, and at the same time, Hymns explores new kind of directions. We can even hear guitar distorsion, some fans will be surprised !

Eric : In the years since the original in 1994 I have to say that I have become a bit of a guitarist. so while you get the standard chamber pop elements yeah, I am playing hundreds of guitar tracks. I wanted to create lots of electric atmosphere on the songs, to fill out the sound and sort of update the approach. as well, with my drumming, I went at time with an aggressive approach. and you might be thinking about love like rain. That one is a straight up « rocker ». Richard is a fan of some dirty punky bands. On that one, it started as a very acoustic straight approach. I thought I would instead crank up lots of noise and make it dirty and fun sounding. I got to pretend I was Captain Sensible (one of my heroes) on that one.

Richard : Yes, it still sounds like the first album, but I definitely wanted guitars on this one. I’ve always loved the punk ethos and loud clanging guitars – I just had to make them fit into the context of this album. I wanted to write a pub rocker and lay it down like Status Quo. We seem to be able to conjure up just about anything.

The album mixes songs with ambitious arrangements and other songs more intimate and epured. Is it difficult to find that cohesion, or I’d say that harmony between songs ? Have you refused to include any other new compositions because of that ?

Eric : I like records like that, that are a mix of textures and allow one to breath. Some of the songs are huge and dense and really ornate. So, it’s good to have a General Hospital or Her that come in and give you a relaxed feeling. making records the way i like to is about creating illusions and promoting a feeling in a room, an experience. Many bands of these past 25 years seem to not see things in this way. The simple word is dynamics. Sadly, since Nirvana that word means a loud section and then a soft section within a song. that’s a really simplistic way to get at an effect that can be more desirable if it’s done over a larger body of work, within the arch of a set of songs. It’s more in the way the symphonic composer of yesteryear would structure a symphony. One needs a proper adagio from time to time to make you forget being shouted at by the trumpets and percussion in the previous movements.

Can you both choose your two favorite songs on the album and comment them ?

Eric : My favorite is General Hospital. Partly I suppose because I love the sound of my own piano but mostly, because Ijust think it’s the most profound melody and lyric that richard has written in at least a decade. That lyric is terrifying and the way it ends is one of the best things i have ever heard. My plaintiff piano chords and the long notes of the end brass, along with his countdown as the anesthesia takes it’s effect, counting backwards the years of time… It’s so theatrical and dramatic.
I suppose my next favorite is Radio Birdman. It has such a swagger to it, full of pop-cocky attitude. i really got to get a little nuts on electric guitar on that one. As well, it’s just about how the band sounds together. the drums are super aggressive and the whole thing works great. And that end lyric « here it in your headphones… » is really hypnotic and a great way to end the record.

Richard : Kal was the first song begun, and the last one finished, just about. People say what they will, but that one is a major piece of work in the best way. My next fav would be a tie between General Hospital and Carbolic Smoke Ball. If you don’t like Cardinal or don’t get it, you will despise those songs. If you into the band and you get it, they do the job real nice.

As a conclusion, will we have to wait another seventeen years to hear the third Cardinal album ?

Eric : If there’s gonna be another one it’s because this one was some kind of success. We would need that fuel to want to continue. it’s a great risk to make a fan wait for 17 years for a second record. I think there’s enough good grace in the world of our fans so i think they will like and buy the record. And another one, if we try and the music is great then yeah, there could be another record. So, no more than 5 years, promise… It’s all so hypothetical.

Richard : It depends – right now we’re not thinking about more albums, we are focused on promoting the Hymns record, but you never know – I might get some ideas in my head that I think would be good Cardinal songs – if that happens then……Who knows ?

And the ritual question. Your five favorite albums of all time ?

Eric :

1. SCOTT WALKER…………………………..3_
2. DAVID SYLVIAN…………………………SECRETS OF THE BEEHIVE_
3. THE DIVINE COMEDY………………..CASSANOVA_
4. THE DAMNED………………………….STRAWBERRIES_
5. DEPECHE MODE……………………….SOME GREAT REWARD_

Richard (cheating a little – its a hard question) :
1. Rolling Stones from Beggars Banquest to Exile on Main Street
2. BeeGees Best
3. The Beatles – Abbey Road
4. some random Blues album
5. select highlights of the Robert Pollard solo/Guided By Voices catalog