Blond peroxydé et très inspiré, Tim Burgess a troqué les sonorités made in Madchester d’autrefois pour des compostions élégantes et racées qui font un saut de puce entre Nashville et le Mersey.
Que nous vaut l’écoute d’un disque édité par un ex-Charlatans en cette fin d’année 2012 ? Cette question, nous étions en droit de nous la poser, craignant certainement que Tim Burgess, le chanteur du susdit groupe en question ne nous réserve une fois de plus une louchée de ces sonorités un poil éculées, made in Madchester. Non pas que The Charlatans était un mauvais groupe en soit. Cependant, malgré leur cote d’amour toujours bien conservée auprès des aficionados du genre, il faut reconnaître, sans mauvaise foi, que le groupe s’était parfois toujours un peu débrouillé également pour traîner avec lui une image de copie carbone des Stone Roses. Voilà en gros de ce qu’il en était pour les appréhensions un peu à l’emporte-pièce avant l’écoute de ce Oh No I Love You fraîchement sorti ce mois-ci et produit par Kurt Wagner, le leader de Lambchop. Que dire donc à part que les craintes ici ont fait « pschitt » comme enchantement dès le lancement de ce premier titre intitulé « White ». Un premier single badin et exquis qui fait la part belle à des arrangements subtilement harmonieux et vraiment brillants.
Concernant la suite, nous n’irons que de (bonnes) surprises en surprises, tant ici il nous semble loin le temps de ce qui faisait habituellement le fond de commerce des Charlatans. Enrichi à des moments par des influences americana empruntées à Lambchop, le Merseybeat de Tim Burgess prend même parfois sur Oh No I Love You des accents folk qui ne sont pas sans rappeler la musique de Mojave 3 (« A Case For Vinyl »). Au point que le chanteur en perdrait sa signature vocale habituelle au profit d’un timbre beaucoup plus mâle et caverneux comme sur le remarquable « Tobacco Fields », réellement déroutant et envoûtant.
Si les compositions de Burgess ont pris dans l’ensemble du lest pour s’envoler tout là haut vers les sommets, ce qui retiendra surtout l’attention à l’écoute de ce disque semble être l’art des arrangements studieusement étudiés qui apportent leur lot d’élégance à la moindre composition (« Hours », aux allures de pop de chambre mutine). Pas loin de signer un véritable petit bijou qui ne manquera pas de sonner rudement bien ficelé aux oreilles des amateurs de pop élancée, Tim Burgess réussi le coup de maitre de se réinventer avec pertinence sur dix titres qui excellent dans l’art de la pop de grande tenue
Tim Burgess – « White «