Retour aux sources réussi pour l’authentique roi du Rock Vintage, qui signe là une de ses meilleurs Å“uvres depuis ses premiers albums. Il était temps.


Les années 90, après une lente agonie ponctuée de rares sursauts d’espoir au milieu d’un marasme de fausses bonnes trouvailles techniques (les débuts de la musique électronique et des boites à rythmes) et cosmétiques (le vilain Glam Rock) lors de la décennie précédente ont peut-être, lors d’un ultime frisson, enterrées le Rock. D’une pression sur la gâchette, Kurt Cobain venait d’en faire exploser son dernier mouvement original du siècle…

Nous sommes en 1994. Layne Staley survit, et propose un moment de grâce avec Mad Season l’année suivante, mais cela ressemble plutôt à des adieux aux yeux rougis, le sourire triste aux lèvres, et il disparaitra si lentement que personne ne s’en apercevra par la suite. Le vers de terre Marilyn Manson prend son envol, mais il ne fait que recycler ce bon vieux Alice Cooper. Tool (Aenima) excelle, mais ne crée pas un mouvement. On n’ose se mesurer à eux. Bref, qui va mener les troupes? Mais surtout, que va-t-il proposer?

Anton Newcombe a 29 ans, mais cette défiance dans son regard lui donne 10 ans de moins. Le Rock est mort, rendons lui hommage! Affublé d’une bande de junkies qu’il remplace au grès de ses humeurs, ce génie-multi-instrumentiste va lancer, avec 15 ans d’avance, le mouvement rock rétro-psychédélique 60’s / 70’s des années 2010, qui inonde les blogs d’aujourd’hui !

Sorte de visionnaire (du passé), ce fou génial et sans cesse décalé a poursuivi son délire, presque seul, jusqu’au milieu des années 2000, période à laquelle il a commencé à vouloir moderniser un peu son propos avec des albums toujours aussi dérangés (My Bloody Underground, Who Killed Sergent Pepper, puis Aufheben) mais sur lesquels sa folie semblait vouloir coller à son époque, délaissant quelque peu le rétroviseur. Au même moment, MGMT, The Black Angels, puis Ty Segall, Tame Impala, ou Jacco Gardner font la loi et inondent les réseaux sociaux…

Mai 2014, le boss vient reprendre son dû. Résidant à Berlin depuis 2007 (après une courte parenthèse en Islande), le garçon a pris du poids, et surtout de l’âge : jeune papa, il jure ne plus toucher aux drogues, et limite la boisson. Mais la touche est toujours là : Revelation est un retour aux sources de ce qu’Anton Newcombe (Brian Jonestown Massacre est le nom du combo sur scène, mais c’est bien lui qui écrit depuis le début) nous a inventés. « Nous », c’est la génération qui a découvert le Rock psyché dans les années 90. Et de « Vad Hands Med Deem » à « Goodbye (Butterfly) », en passant par « Unknown », « memory camp », ou « Xibalba », le garçon ne s’autorise que quelques incartades modernes (l’electro « Memorymix », voire la très 80’s « Food for Clouds ») au milieu de ce qui semble vénérer le prémonitoire hommage Psyché Take It From The Man (1996). L’hommage à un hommage, en somme. C’était peut-être la dernière chose que l’on pouvait inventer. En attendant…