Trente minutes de pure délire, c’est ce que nous propose les généreux Hot Hot Heat, nouveau combo sorti de Victoria, petite ville du Canada. Si vous êtes en quête du croisement glorieux entre XTC et les défunts Make up, ne cherchez plus, ce quatuor est fait pour vous.
Quelle turie! Franchement, alors que le citron du manège médiatique rock semblait pressé jusqu’à la dernière goutte et que se profilait une petite période de répit, voilà qu’un nouveau combo débarque. Et pas des moindres! Cette fois, c’est du Canada que nous vient les victorieux Hot Hot Heat, nouvelle torpille rock. Rock, le terme est peut-être un peu fort, car s’il s’agit bien d’énergie, ce quatuor possède de grandes dispositions pour étaler sur ses compositions survitaminées un brin de psychédélisme pop. Armé d’un talent indéniable pour secouer le popotin, la particularité des Hot Hot Heat réside sur la position du clavier, à égal niveau graduel que la guitare sur le potard.
Encensé outre-manche par MOJO et plus loin la presse US, les Hot Hot Heat n’en sont pas exactement à leur premier fait d’arme. Fondé en 1999, sous forme de trio, le groupe est alors un gentil ersatz du Ben Folds Five -la formation se concentre uniquement sur l’union synthé-basse-batterie. L’arrivé du guitariste Dante DeCaro (ça s’invente pas un nom pareil) et l’implication du clavier Steve Baye au chant va sérieusement modifier le comportement musical du groupe. Si les compositions dénotent toujours une volonté rythmique de ne pas rester en place, dorénavant, guitare et synthé se confrontent au sein du microcosme du groupe dans une lutte permanente. Avril 2002, le Knock Knock Knock EP (premier effort sur Sub Pop) voit enfin le jour de l’autre côté de l’Atlantique. L’urgence de ce cinq titres met déjà sérieusement l’eau à la bouche. L’engouement qui suit est prometteur, mais il faudra attendre la fin de l’été pour que le premier album confirme toutes les bonnes dispositions entamées plus tôt.
Avec Make Up The Breakdown, les ventes abondent et le succès est si fulgurant que Sub Pop les cède à Warner. La major décide de publier dans la foulé une compilation constituée de démos (paru d’ailleurs chez nous avant l’album officiel, histoire de bien faire les choses à l’envers). Six mois plus tard et une tournée avec les Walkmen, la France est prête à accueillir les nouveaux sauveurs du rock.
Make Up The Breakdown foisonne d’hymnes immédiats. Les cinq premiers titres sont certainement la plus belle succession de perles mélodiques entendue de longue date. Le travail de composition sur les chansons est plus poussé qu’on ne le croirait aux premiers abords, évoquant un XTC de la première heure. La comparaison ne s’arrête d’ailleurs pas là : Drums and Wires semble avoir été un modèle à suivre durant l’enregistrement du premier album en terme de production. On retrouve ce petit brin de folie adroitement insufflée à des compositions plus travaillées que la moyenne.
« No, Not Now » est le futur chouchou des soirées poppy sur la capitale, prêt à détrôner le « Hate To Say I Told You So » des Hives. L’union clavier/guitare dans le pur esprit british début des années 80 se révèle culottée et un véritable pied de nez à l’humeur ambiante qui veut que seul les guitares dominent en chef dans ce genre de combos. Sur « Get In or Get Out », le clavier se fend en plein milieu du morceau d’un solo digne de Rick Wakeman. Et le pire c’est que ça sonne affreusement bien ! Au final, les Hot Hot Heat ont franchit avec succès l’étape studio là où les défunts Make Up n’ont jamais vraiment su retranscrire la folie de leurs prestations scéniques.
Si la profusion de groupes rock émergeant ces temps-ci amène votre taux de cholestérol à saturation, ce serait tout de même dommage de bouder un tel combo car la qualité de cette première galette est tout bonnement exceptionnelle. Prière donc de garder un oeil attentif sur ces joyeux lurons irrésistibles, doués comme pas deux pour nous secouer.