Mein name is Melville. Ich bin ein König des Celluloids. Ich bin ein Filmmacher. Ich bin ein meister der Ziebtens Kunst. Bonjour, Ich Bin Jean-Pierre Melville. Ich liebe L’Amérique!


« Cinéma, cinémaaaaaaaaaaaa ». Rappelez-vous la tirade de Benoît Poelvoorde dans C’est arrivé près de chez vous… C’est un peu de ça qu’il s’agit ici. Ce disque est un hommage à Melville et à Delon. Ensemble, ils ont fait Le cercle rouge, le Doulos ou Le grand Samouraï. Oui, je sais, bizarre de faire un hommage à Delon, qui n’est pas encore mort (Melville est mort en 1973) mais c’est tout comme, car à part un film de BHL (col à rallonge et chemise ouverte, dont des bios incendiaires circulent ces temps-ci, et qui partage sa couche avec une certaine Arielle Dombasle, dont le disque tourne en boucle dans les bureaux de Coussin Rose) et des apparitions chez Fogiel on ne voit plus trop celui qui aime parler à la troisième personne, devenue véritable icône au Japon.

Mais parlons du disque si vous le voulez bien. Les ambiances sont, bien évidement, très cinématiques, dans un style que l’on pourrait qualifier d’easy listening trip hop, mais pas seulement. En clair, le genre de disque qui se laisse écouter en faisant n’importe quoi, en étant accompagné de n’importe qui (…).

Faisant suite à Tribute To Alain Delon And Jean Pierre Melville sorti en 2002, cette compilation a été composé, mixé et mis en boîte encore une fois par Alexander Faem et Jean-Emmanuel Deluxe (boss du label Euro-Visions) et fait suite aussi à celui sorti en 1995 intitulé Gainsbourgsion! sorti par April March. Au gré des morceaux, on y trouve les voix de cette dernière, d’Helena Noguerra (la soeur de Lio et compagne de Katerine « Je vous emmerde »), Bertrand Burgalat (le boss de Tricatel) et enfin et surtout Ariel Wizman (dont la dernière campagne anti-piratage musical a été sujet à polémiques), qui outre faire le pitre sur Canal + est également connu pour ses fourberies au sein du Grand Popo Football Club. Ici, il surprend par sa maîtrise de la langue de Goethe : « Ich bin Jean-Pierre Melville », explorateur de mon inconscient. Le tout accompagné d’une petite flûte champêtre. C’est dégoulinant à mort.

Voilà le genre de disque qui doit faire sensation au Japon, eux qui aiment nos années 60 et notre kitsch. Car, à l’écoute de ces petites perles, on pense aux premiers supermarchés, à Publicis (me demandez pas pourquoi), à la mode des moquettes caca d’oie ou orange (même dans les salles de bain), aux cuisines Arthur Martin marron et rouge, au métal comme matière première de déco, aux coiffures permanentés eighties… Enfin, on est in kitschland trip hop, mais n’allez pas croire que c’est désagréable. C’est frais, c’est léger, c’est comique. Car outre les parenthèses germaniques d’Ariel, Deluxe pousse lui aussi la chansonnette sur « L’agent » ou « Les paradis perdus » de Christophe. Le titre en portugais gouache d’Helena Noguerra, mi pop scintillante nippone mi bossa nova, où le mot ‘bonbon’ est répété à profusion, est assuré par Saint Etienne.

Le style général est très proche de la marque de fabrique Tricatel en fin de compte. On passe de la techno à l’easy listening, de la narration sur fond pittoresque aux ébats d’une pop à paillettes. Un disque agréable donc.

Le site d’Euro-Visions