Second album solo de l’actuel bras droit de Jarvis Cocker, Richard Hawley s’inscrit dans la lignée déjà imposante des songwriters intimistes à l’accent cockney. Fin 2001, Late Night Final faisait figure de révélation dans la presse spécialisée, Lowedges confirme l’arrivée d’une pointure dans le domaine de la pop tourmentée.


L’Angleterre aime les âmes solitaires. Richard Hawley l’a bien compris. Visez cette pochette remplis de clichés : un biker filant droit vers l’inconnu, rayon de soleil en arrière plan et cheveux au vent. Lucky Luke n’aurait pas fait mieux. Une chose est sûre, le gars de Sheffield n’a pas peur d’avancer en terrain miné. Enfin bref, tout ça c’est de l' »Entertainment » me direz-vous. Heureusement, la première écoute de Lowedges nous soulage sur la livraison, Richard Hawley ne s’est pas pourfendu dans du hard rock boursouflé millésimé 70’s. Il s’agit bien ici de pop racée et noble, de la très bonne même. Au tiroir donc les Steppenwolf et autres Easy Rider sur fond de riff binaire!

Après donc une première écoute attentive, on revient sur la pochette problématique. Et puis finalement, on se dit qu’elle colle plutôt bien à l’ambiance générale de l’album. Force est d’admettre que les anglais savent s’y prendre comme pas deux pour jouer la carte du rebelle au coeur tendre. Il y a quatre ans, Ian Mc Culloch nous avait gratifié du sublime What Are You Going To Do With Your Life?. Un album qui passait à l’époque davantage pour une oeuvre en solo du maître des Bunnymen que pour un effort collectif. Un chef d’oeuvre malgré tout. Lowedges est en fait le cousin lointain de cet album mésestimé.

Beaucoup de similitudes rejoignent les les deux oeuvres. Tout d’abord la pochette : deux gars solitaires avançant sur une route anonyme, nuances bleues et nuages pastels en fond de plan. Voilà pour le visuel. Ensuite le contenu, des ballades introspectives de la part de personnalités qui ont déjà batti une certaine expérience sur le plan personnel qu’au niveau du music-business. Voilà deux oeuvres qui laissent entrevoir que les intéressés n’en sont pas à leur première désillusion et que ce ne sera pas la dernière non plus. On a affaire donc à un spleen maîtrisé, jamais accablant et toujours digne.

Richard Hawley a 35 ans. Si Lowedges n’est que son second album solo, le biker a lunette existe artistiquement dans le milieu de la pop indé depuis les années 80. Au courant de la décennie précédente, il a officié derrière une ribambelle de stars de premier plan, médiatiquement parlant (All Saints, Finlay Quaye et plus récemment Pulp). Ce n’est pourtant que récemment que l’homme a pris conscience de ses capacités vocales. Une voix de crooner à la croisée d’un Roy Orbison et d’un Ian Mc Culloch (tiens donc!).

Comparé au très joli Late Night Final, Lowedges est indéniablement plus abouti. Impossible de ne pas résister au titre d’ouverture, Run For Me, « Le » morceau intouchable de cet album. Ambition Spectorienne en terme de production, vocaux indéboulonnables, mélodie enchanteresse : tout est là pour décrocher le tiercé gagnant. Un titre qui faisait un peu défaut à l’album précédent. Le reste navigue entre les eaux intimistes que nous connaissions sur l’opus précédent et nous ravira de quelques perles mélodiques dont Richard Hawley semble avoir fructifié en savoir-faire indéniable : « The Only Road« , The Motorcycle Song« , « The Night Are Made For Us« . Dans ces conditions, Richard Hawley possède de sérieux atouts pour séduire un public plus large et conserver ses aquis.