Second album lumineux de ce groupe originaire d’Oxford, à mi-chemin entre radiohead, les Beach Boys et Sonic Youth (rien que ça). Une brise de fraicheur incongrue mais bienvenue au beau milieu de cet été caniculaire.


Si vous passez du côté d’Oxford (GB) vers le milieu du mois juillet, il est fortement conseillé de s’égarer en dehors la petite ville étudiante. En effet, l’espace d’un week-end, les prairies avoisinantes de la ville sont transformées en un mini-Woodstock de l’intelligentsia rock. Depuis près de cinq ans, le Truck festival est devenu une des plaques tournantes de la région. Un rendez-vous incontournable pour tout amateur de rock aventureux qui mêle à travers sa programmation musicale les signatures du label résident Truck Records à quelques autres structures comme comme Rocket Girl, Snowstorm et quelques invités prestigieux.

Les 19 et 20 juillet dernier, l’affiche était encore une fois des plus alléchantes : British Sea Power, Broken Family Band, Electric Soft Parade, Byrne, Buck 65, Meanwhile Back in Communist Russia ainsi qu’une flopée de jeunes formations prometteuses venu se faire les dents en attente d’une hypothétique signature. Un véritable vivier pour découvreurs de talents.

Vieux habitués de cette édition festivalière, les Black Nielson figuraient parmi les attractions principales de cette nouvelle édition. Si sa maigre discographie ne se révélait pour l’instant guère convaincante, ses prestations scéniques restent à l’inverse hautement recommandables. Leur second album The Seahorse Boe – trad : l’hippocampe Boe – va certainement leur permettre de toucher une audience plus large.

Résident permanent de la très estimée écurie Oxfordienne Truck Records aux côté de Meanwhile Back in Communist Russia, Goldrush et Dive Dive (formation prometteuse regroupant des anciens membres d’Unbelievable Truth et Dustball), ce groupe originaire du coin gravite autour de la personnalité de Michael Gave.

Puisant ses influences vers des formations à guitares tel que Radiohead et Sonic Youth (tendance Dirty), Black Nielson peinait jusqu’à présent à retranscrire son énergie scénique sur du long format. Still Life Hear me, premier album paru en 2001 et enregistré en une petite semaine n’avait pas totalement convaincu les foules. Le potentiel était bien là, mais l’énergie mal déployée. Il semble que l’acharnement du groupe à tourner continuellement et leur récente tournée avec les séduisantes américaines de Slumber Party est porté ses fruits et permit de pousser l’inspiration à un niveau inespéré.

Plus récemment, Cyprus 2765, leur excellent EP paru l’année dernière augurait un revirement des plus prometteurs et c’est donc avec impatience que nous attendions la confirmation avec ce nouvel album. Et le résultat est tout bonnement étincelant. Enregistré de nouveau au Truck Studio avec Phil Vinnal (The Auteurs, Elastica, The Zephyrs…), The Seahorse Boe est un album ambitieux. Selon son géniteur Michael Gale, l’influence des Beach Boys de Pet Sounds fut cruciale. Il est vrai que l’on retrouve cette douce rêverie sur quelques titres comme « Some Night Villains » et « Organdie », le grain de voix jouvenceau de Gale y contribuant pour beaucoup.

Entre quelques ambiances apaisantes, le reste de l’album demeure plus agité, oscillant d’avantage vers une pop héroïque mais jamais plombante, comme savait si bien nous concocter radiohead du temps de OK Computer (l’artwork rappelle d’ailleurs beaucoup l’univers du groupe de Thom York). On entend aussi parfois quelques sonorités chères au Velvet Underground (une guitare brouillonne sur « Dinosaur ») voir Sigur Ros (« Life is Different for you »). Cet attachement pour les mélodies évite judicieusement quelques faux-pas FM et le groupe reste assez intelligent pour explorer d’autres horizons musicaux moins contraignants que le sempiternel cliché rock.

Non vraiment, ce groupe possède de sérieux atouts pour sortir de l’anonymat, et pourrait même décrocher un hit potentiel si par pur hasard une de leurs chansons se retrouvait sur la BO de Smallville (je plaisante, mais bon). Que ceux qui pensent qu’il n’existe pas de groupes de rock en grande Bretagne depuis Radiohead feraient mieux de se procurer The Seahorse Boe au plus vite.

– Le site de Black Nielson

– Le site de Truck Records