Voilà un album qui ravira autant les amateurs de britpop que les nostalgiques des Who, Doors et des non moins essentiels LA’s. Bref, un véritable catalogue de références pour ce groupe hors norme qui vient d’accomplir l’antidote parfait au conformisme pop ambiant.


A ceux qui comme moi avaient plutôt été déçus par leur premier album brouillon, mélange assez aléatoirement complexe de genres folkloriques, la surprise est de taille. Déjà encensé par la presse anglaise, dont les adjectifs élogieux ne manquent pas, ce deuxième album porte en lui tous les ingrédients d’un des albums de l’année 2003, pour ne pas dire plus.
Les challengers de Coldplay ou de The Music ne semblent tenir la comparaison qu’en termes de révélations du nouveau millénaire, car leur musique n’a absolument rien à voir ni avec le soft rock des premiers ni avec l’énergie du deuxième, et se suffit amplement à elle-même : bougrement riche et variée pour un jeune groupe.

Non, nous avons à faire ici à un drôle de mélange – déconcertant certes – mais n’est-ce pas le propre des chefs-d’oeuvre? Dès le premier titre, « In The Forest », un orgue années 70 rappelant un rock d’un autre âge plante le décor et on jurerait entendre un groupe d’une époque révolue. La voix de James Skelly rappelle franchement, dans ses intonations et son accent, le Roger Daltrey des premiers Who. Le deuxième titre, « Don’t Think You’re The First », nous plonge encore plus profondément, grâce notamment à un mélodica (décidément sacrément à la mode depuis que Damon Albarn a découvert Augustus Pablo…), puis même avec des flûtes, dans l’univers émergeant du rock anglais des contemporains du Sergeant Pepper’s lonely heart club band.

On s’est déjà enfoncé dans son fauteuil comme à l’écoute d’un vieux disque de rock classique trouvé lors d’une brocante… Et voilà la superbe ballade « Liezah », qui a toutes les apparences d’un titre des Beatles tellement la mélodie, la construction voire même les paroles sont fidèles aux quatre de Liverpool, ville dont ils sont d’ailleurs, par le plus grand des hasards, originaires…

« Talkin’ Gypsy Market Blues » et son harmonica nous rappellent directement le Bob Dylan du Homesick Blues… Et puis on se dit qu’il y a quelque chose de bizarre, toutes ses références tellement évidentes révèlent déjà la richesse sonore et créative, et a fortiori les influences du groupe, sans parler du sens de l’humour de The Coral, dont le nom sur la pochette n’est pas tout à fait étranger non plus aux us et coutumes des années 60/70 en Angleterre.

Mais on s’égare. The Coral est déjà passé à la référence suivante. Avec « Secret Kiss » où plane l’ombre des Doors, autant dans la musique que dans la voix, pimenté des influences d’un autre groupe : The Animals. « Milkwood Blues » est dans le même registre. Suis-je à l’écoute d’une sorte de quizz me mettant à l’épreuve de reconnaître les différentes influences de The Coral? On semble tout de même rester dans le registre des Doors, malgré certaines variantes comme le violon et des choeurs à la Beach Boys. Que du bon tout ça.

Et voilà « Bill Mc Cai ». La récompense après presque vingt minutes : non seulement parce que le rythme prend enfin son envol mais aussi et surtout parce que les références précédemment citées semblent s’être entremêlées dans cette chanson purement sublime, et rajoute même (enfin) une référence actuelle : The Clinic.

« Eskimo Lament », comprenant guitare sèche, voix et timbales, calme l’euphorie. Enfin, en apparence, car voilà qu’un orchestre digne d’une fanfare vient troubler ce calme apparent. « Careless Hands » remet les Doors au milieu du village coralien. « Pass It On » et « All of our love » suivent la même cadence.

« Confessions of A.D.D.D » clôture un disque où l’on aura eu droit à toutes les références, puisque c’est ici à Them que l’on pense. On sort de cette expérience comme un enfant ayant passé presque une heure dans un magasin de friandises… L’écoute répétée, voire acharnée, de ce disque réserve à l’auditeur la découverte de pépites révélant in fine un chef d’oeuvre d’envergure.

-le site officiel de The Coral