Enon arrive tel une météorite imprévue, surprend par sa grande créativité et nous transmet une de ces bonnes humeurs qui font un bien fou! Halloween passé, cette musique continue pourtant à nous ensorceller dangereusement. Hocus Pocus!


A l’origine, Enon c’était John Schmersal, ex-guitariste et chanteur de Brainac, groupe déjanté qui s’essaya à fusionner électro minimaliste et créneau punk. Son premier album, Believio, reflétait plus un album solo qu’un travail de groupe. Rejoint par Toko Yasuda (Blonde Redhead, The Lapse) à la basse et aux synthés et Matt Schultz derrière les fûts, John Schmersal sort ensuite un premier album, High Society. Il s’en suivra une tournée, notamment avec Girls against Boys et Les Savy Fav, avant de revenir sur leur ville natale, New York.

Nous arrive donc en cet automne 2003 Hocus Pocus, le troisième album d’Enon, deuxième en tant que groupe (vous suivez?). Et à l’image de la pochette et du nom de l’album, on se trouve face à un véritable tour de magie. Le seul exemple que je trouve dans le passé récent d’un album aussi bien construit et varié c’est le dernier chef d’oeuvre des Flaming Lips, Yoshimi Battles the Pink Robots
. C’est déjà énorme non?

Les titres électro et rock se succèdent de manière très intelligente et l’on comprend bien vite que l’on est à l’écoute d’un album avant-gardiste très varié. Leur musique est entraînante, gaie, cool, et ne se prend vraiment pas la tête. La voix de Toko Yasuda est purement magique, et nous rappelle, quand elle chante en nippon comme sur Mikazuki le temps joyeux de la pop japonaise d’un Pizzicato Five. Sa basse n’est pas non plus piquée des vers, si vous voyez ce que je veux dire.

Plusieurs titres, comme Spanish Boots font plutôt penser à ces bonnes vieilles mélodies joyeuses des Papas Fritas(qui aux dernières nouvelles ont eu la mauvaise idée de splitter). Toujours dans le travail d’orfèvre, The Power of Yan Ning est tout bonnement extraordinaire. Pour ceux, nombreux, qui aimeraient retrouver le David Bowie un peu fou de ses débuts, ce titre met en valeur une voix que l’on croirait tout droit sortie de notre Spider from Mars qui aurait succombé aux amphétamines proposées par son vieux pote Iggy…

Storm the Gates se lance dans le style purement jouissif des Sugarcubes. D’autres titres, comme Litter in the Glitter, lorgnent carrément vers un punk aussi enthousiaste que court (1 minute 40 chrono). Un peu comme le We’ve got a file on you des Blur dans Think Tank, ces titres font office de cerise sur le gâteau. La comparaison à la bande d’Albarn tient la route sur plusieurs titres d’ailleurs.

Le titre éponyme clôt ce bijou de façon remarquable, dans une douceur qui rappelle le beau carré de chocolat noir qui met fin à un repas exquis. Rien de moins. Ça fait du bien de tomber sur de si bons disques en 2003. La vie est belle non?

– Le site de Enon