The Innocence Mission nous offre un pendant intelligent et sensible de méli-mélo qui vous séduira à coups de mélodies accrocheuses et d’un chant poignant et nostalgique. The Sundays réssucités!


The Innocence Mission est un trio. Ou plutôt l’addition 2 + 1, puisqu’il s’agit du couple Karen et Don Peris, affublés du bassiste Mike Bitts. Ensemble depuis une paye (15 ans), ils ont déjà sorti cinq albums, tous classés dans la catégorie -réductrice- Folk. Originaires de Pennsylvanie, ils ont fait la première partie de groupes comme 16 Horsepower, Emmylou Harris ou Natalie Merchant et comptent parmi leur fans la grande prêtresse Joni Mitchell.

Befriended est considéré comme un disque calme diffusant des ambiances à la Simon & Garfunkel tendance féminine. La voix très douce de Karen s’y fait remarquer, accompagnée par la guitare sèche de son mari, parfois aussi par des nappes aériennes de synthétiseur. Très rarement une batterie -timide- intervient. Normal, Steve Brown, le dernier batteur officiel, n’est plus de l’aventure depuis 1999.

Oui, ça c’est ce que l’on considère. Ce que l’on peut lire sur papier. Une autre chose c’est ce que l’on ressent. Figurez-vous que j’ai été très séduit par ce disque, car il m’a rappelé, d’entrée, un groupe que j’affectionnais particulièrement au début des années 90, et qui, question classement et autres considérations tirées de la presse musicale, est aussi éloigné du groupe ci-présent qu’AC/DC l’est de Simon & Garfunkel : The Sundays. Vous souvenez-vous de leurs mélodies mélancoliques, très British ?

J’étais persuadé que c’était elle, Harriet Wheeler, dans un nouveau projet plus assagi, son groupe ayant disparu vers 1997. Je me disais « c’est pas possible, aurait-elle changé de nom ? » Et pourtant, me direz-vous, The Sundays ont été plus que fortement influencés par les Smiths, la bande à Morrissey n’étant pas vraiment considérée comme une icône du folk. Bien que si on écoute des joyaux comme « Please Please Please Let Me Get What I Want »…

Bon, je m’égare, un peu déçus avouons-le, qu’il ne s’agisse pas du quatuor qui avait sorti l’envoutant Reading, Writing and Arithmetic (1990), à ce groupe américain issu de Pennsylvanie. Les 10 chansons de Befriended sont très calmes, et l’on se retrouve dans des atmosphères dignes de films d’auteur (catégorie drame psychologique), le tout dans des décors très grands espaces. You see the picture ?

Les dix chansons se ressemblent beaucoup si on se limite à une ou deux écoutes. Puis on détecte ici et là des mélodies très accrocheuses (« I never knew you from the Sun »,  » Beautiful Change » pour n’en citer que deux). On s’attache peu à peu à cette voix fragile, chantant la nostalgie de son enfance. La slide guitar n’est pas absente non plus (« Beautiful Change », « Walking Around ») qui nous plonge dans l’excellent dernier album de Daniel Lanois.

On est point étonné de retrouver un piano sur la -trop (1’33)- courte « No storms come » et l’on pense également à Nicolai Dunger pour sa sensibilité à fleur de peau. Le timbre de sa voix dans « Sweep down early » montre la grande étendue vocale de Karen, rendant son chant poignant de beauté.

La référence avec Daniel Lanois devient de plus en plus évidente, au point que l’on sait déjà qu’on classera désormais Befriended à ses côtés sur l’étagère et qu’on fouillera ses disques pour y accoler celui des Sundays aussi. Sans oublier Nicolai Dunger. C’est ce qui fait la beauté de la musique, car, comme la littérature, les ressemblances piquent notre curiosité et l’on se retrouve un dimanche après-midi, prenant son pied à classer ses précieux disques selon notre bonne vieille subjectivité.

-Le site de The Innocence Mission