Originaires du Pays de Galles, The Keys visite ce qui s’est fait de mieux dans les années 60 pour remettre un peu de cet engouement qui manque à nos années 00…


Matthew Evans (voix/guitare) Gwion Rowlands (guitare) et Sion Glyn (basse) ont créé The Keys en 2002. Ils ont sorti quelques singles qui se retrouvent d’ailleurs sur leur présent premier album éponyme. Tout comme Gorkys Zygotic Mynci, ou Manic Street Preachers, ils sont gallois et proviennent du split du quatuor Murry The Hump, détenteur d’un album reconnu par NME mais également par Alex James (Blur) comme le meilleur groupe sans label qui leur permit d’être hébergés par le label Too Pure (Laika, Hefner).

Le nom, The Keys, a été préféré à Astronaut’s Wife à cause de leurs influences évidentes péchées chez Bob Dylan, the Everly Brothers, ou les Beatles. Se retrouvant dans un bled perdu du pays de Galles, nos trois lascars enregistrent dans un calme absolu leurs compositions. Le résultat est assez probant, il faut l’avouer, et les chansons proposées ici ne sont pas de bêtes plagiats de leurs idoles de jeunesse.

Non, on pensera plus que sûrement à la musique américaine du type Beach Boys sur le titre ouvrant l’album (« Driving School »). Mais dès le deuxième titre, « Love your sons & daughters », simple sorti en septembre d’ailleurs, les Keys s’amusent à brouiller les pistes. Sur des riffs efficaces, la référence aux Beatles semble, en effet, plus qu’incontournable, mais aussi celle des Who et de tous ces groupes des années 60. Les instruments utilisés (tambourins, orgue hammond…) sont d’ailleurs là pour l’attester. Leur musique pourrait très bien coller aux images de militaires américains subissant leur premières défaites au Vietnam… Et pour ceux qui ne sont toujours pas convaincus, le graphisme sur la pochette est là pour le faire. Le nom plus contemporain de The Coral vient pointer le bout de son nez.

Et puis, grande surprise, « From tense to loose to slack », du véritable Calexico première mouture, montre la grande diversité musicale du groupe (dans le jeu -trompette mariachi- et dans les influences). Le petit clin d’oeil à la musique du film Apache (ça ne vous dit probablement rien, mais croyez-moi, vous connaissez la mélodie) témoigne aussi d’un sens de l’humour très british, tout en finesse. A noter le même type d’humour sur « Gurl next door », où c’est Big Ben que l’on entend au beau milieu du titre !

« Simple », basé sur un riff bluesy, fait encore une fois penser aux Beach Boys, revus et corrigés par le Jon Spencer Blues Explosion tellement la saturation des guitares est ici mise en avant. Mais on se surprend à penser aussi in fine à Grandaddy par exemple (« If not for you », « Animus »), et ceci montre tout simplement la grande diversité du groupe, et, alternativement, leur professionnalisme lié a l’authenticité artistique. Ils brassent plusieurs genres mais font partie de ces groupes qui seraient probablement surpris de l’apprendre, si vous voyez ce que je veux dire. Tout ça pour dire que l’on compose nécessairement selon ce que l’on a écouté sans toujours s’en rendre compte ou l’afficher ouvertement.

Plusieurs titres sont très enjoués, et dénotent un groupe voulant diffuser la bonne humeur. La voix de Matthew Evans peut s’acclimater à plusieurs registres, du chant falsetto (« Gurl next door ») au chant plus grave. C’est finalement à Grandaddy qu’ils font le plus penser. Et c’est donc pas mal du tout.

Le dernier titre réserve un hidden track au bout de 15 longues minutes de silence. Le trio a eu la riche idée de remplacer le rituel blanc silence qui le précède par des bruits d’ambiance.

-Le site de The Keys