Encore un des ces disques country qui honorent le genre en tant qu’alternatif dans le monde indie. Une guitare sèche et une voix jolie et sexy, il n’en faut pas plus pour vous séduire !


Ce qui frappe d’entrée de jeu lorsqu’on appuie sur la touche PLAY, c’est la très belle et très sensuelle voix de Peggy Honeywell. Sans savoir à quoi elle ressemble, on a vite fait de s’imaginer qu’elle est aussi jolie et douce que sa voix… Et de peur d’être déçu, prenons le parti de ne point chercher à savoir si sa plastique est aussi jolie que son organe vocal le laisse entendre.

Bon, c’est pas tout ça, mais il s’agirait de parler musique ici n’est-ce pas? Oui, je suis bien d’accord, mais avouez que dans notre société où l’image est devenue si importante, voire prépondérente – et ce souvent au détriment du son-, il est quelque part normal de vouloir coller une image sur un nom et une voix. Car ce nom aussi est prometteur non?

Bon, ne tournons pas autour du pot. J’ai craqué. J’ai surfé et j’ai vu. Et? Déçu, mais méga déçu. A tel point que je n’ai pû résister à la tentation de vous décrire à quoi -pardon, à qui- elle ressemble. Pour ceux qui veulent se faire une petite idée, sachez qu’elle semble sortie de la cuisse de Dolly Parton, qu’elle a l’air de faire des cookies pendant ses heures creuses et que la série La petite maison dans la prairie doit pour elle être bien plus qu’une série réaliste, collant à sa vie quotidienne. Côté vestimentaire, sachez que nulle part, je dis bien nulle part, même dans une soirée branchouille à la noix, elle n’aurait la cote. Ouille ouille ouille qu’elle est laide!

L’album est très court. Trop. Peut-être pour le démarquer d’un lot florissant où ce ne sont que les albums de garage-rock (à commencer par les Strokes) qui ne dépassent guère les 35 minutes. Mais ici on a fait très fort. 20:52 au compteur numérique de votre lecteur. Ni plus ni moins. 10 chansons. Et ne croyez pas pour autant que la chose soit bâclée, loin de là même. Non, ici, c’est le remplissage à tout va qui a été proscrit, et on s’en réjouit.

Peggy, qui est aussi peintre gouache à ses heures (la pochette est illustrée par une de ses toiles), a enregistré sa première démo, Walk Like Man, en 1999. Toute seule, sur un quatre pistes, une guitare sèche en guise d’orchestre d’accompagnement. Avec sa roomate Dew elle sort Peggy Honeywell & Dew Lives you Too en 2000. Cette démo est tombée dans les mains d’un certain Thomas Campbel (pas celui des soupes…), patron, avec Greg Lamson, du label Galaxia Recordings. Séduits (par sa musique), les deux décident d’héberger cette nouvelle étoile country-rock pour sortir Honey For Dinner, compilant, en plus abouti, les titres réunis dans les démos. Elle y reçoit un coup de pouce de Dave Pajo (Papa M), de Brian Deck et encore une fois de Dew. Le tout sous la houlette de Paul Oldham (le frère de Will).

Les paroles parlent de l’amour (« Puppy Love »), de l’amour (« Hug my Heart », ) et encore de l’amour . Elle y relate entre autres ses déceptions (« Moon »), petite fille qu’elle était, s’imaginant la venue du prince charmant. Se rendant finalement compte que le naturel de l’homme, une fois les braises de l’amour consumées, revient au galop, à savoir un train-train quotidien qui exaspère tellement les femmes : chaussettes qui traînent, accro de l’assistanat et bières qui roulent sous le canapé…(« Darlin Man »)

Oui, Peggy y chante à coeur ouvert, et sa voix dénote une mélancolie émouvante. « Moon » est une superbe chanson et l’on pense au talent de Nicolai Dunger. Les neuf premiers titres sont imbriqués les uns dans les autres et pourraient en fin de compte former une seule et même chanson, où le dénominateur commun est sa très belle voix de femme au coeur brisé et sa guitare sèche, toujours très précise. Ici et là apparaissent les instruments typiques de la country, comme le banjo (sur « Sympathy date ») ou la slide guitar, mais de manière très moderne, à la Sparklehorse.

Les neuf premiers titres forment un méli mélo qui fait autant penser à des ballades jouées au coin d’un feu de camp qu’aux chansons ‘Peace & Love’ contemporaines de la guerre du Vietnam. Malheureusement, la dixième, la reprise « All schook up » d’Elvis Presley, où elle semble chanter faux, fait un peu tâche sur l’album, et ce même s’il s’agit d’un clin d’oeil. Il gâche le plaisir de l’écoute des neuf titres qui le précèdent. C’est dommage.

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