Le vieux bon rock à papa est de retour! Et c’est une bande d’Australiens très connus chez eux qui ont la lourde charge et le défi de se faire (re)connaître en Europe.


Pour ceux, nostalgiques, qui pensent que le rock n’est plus ce qu’il était, sachez que quelques musiciens, lassés de s’en désoler à en boire des pack de bières sans changer de disque -c’est le cas de le dire -, se sont dits qu’il valait tout aussi mieux sortir un disque suivant la bonne vieille recette mais tenant de mettre en valeur la jeunesse et la modernité.

Powderfinger est un quintette mené par Bernard Fanning qui n’en est pas à sa première plaque. En l’an 2000 déjà, échappant au bogue du millénaire, ils ont sorti leur troisième album Odyssey Number Five et du même coup ont gouté au succès show-businessque. Une rafale de prix plus tard, ces rockers au coeur d’artichaud sont devenus une sorte d’institution au pays du Kangourou. Ça ouvre pas mal de portes, et notamment celles des meilleurs producteurs. Brendan O’Brien, producteur entre autres des Red Hot Chili Peppers, Neil Young ou Rage Against the Machine ne leur a donc pas raccroché le combiné au nez.

Non, ces Australiens nourris aux disques de papa, nous abreuvent d’un rock énergique qui s’apparente sacrément aux Black Crowes.

Vulture Street, leur quatrième album, est censé conquérir le marché européen. Oui, ne nous voilons pas la face, un peu à la manière d’INXS et Midnight Oil en d’autres temps, V2 a décidé de mettre les petits plats dans les grands et d’essayer de donner au reste du monde ce qui a plu aux spectateurs de match de boxe entre kangourous… Et cette comparaison n’est pas hasardeuse puisqu’à l’instar des bandes de Michael Hutchence et de Peter Garrett, c’est le quatrième album qui fait office de gourmandise-apéro. Amuse-geule serait plus exact.

Le son bien caractéristique des festivals de rock ils se le sont accaparés et en ont fait leur image de marque. Chaque titre, et ce dès « Rockin’ Rocks » -tiens, c’est original ça comme titre- semble sortir d’un live festivalier sentant la boue, la transpiration et les toilettes infâmes. Ah, comment ai-je pu ? – j’avais oublié la bière ! Oui, ça sent la bière aussi. Il semble que les Australiens en sont de gros consommateurs d’ailleurs. On imagine bien un de ces titres illustré par des jeunes sauvageons buvant de la bière à un concert… A moins que ce ne soient plutôt de femmes regardant des hommes à poil dans un vestiaire de foot australien…

Mais d’où peut bien provenir cette image? Probablement l’écoute de « Love your way » n’y est pas tout à fait étrangère, rappelant à ma mémoire le titre fort réussi de la pub Levi’s qui passait en boucle sur MTV pendant les années grunge, celui d’un groupe disparu aussi vite qu’il était apparu : Stiltskin, « Inside » que ça s’appelait. Souvenirs, souvenirs.

C’est peut-être d’ailleurs la seule critique que je ferais ici : un peu trop de ballades sirupeuses. Alors on ne sait pas très bien si c’est le leader du groupe qui sort d’une histoire d’amour qui s’est mal terminée ou si c’est O’Brien, las de tant de rock hardeux qui leur a conseillé de mettre un bémol à leur rock endiablé, mais on dirait que quelque chose (l’âge peut-être) est venu calmer l’ardeur que l’on sent latente tout le long du disque.

« (Baby I’ve got you) on my mind », le single qui fait office d’appetizer, comporte des riffs efficaces. Le tout est bien ficelé, bien produit. Il serait intéressant de les voir en concert pour voir ce qu’ils ont comme imperfections car le son est souvent trop parfait si vous voyez ce que je veux dire. Et là je pense inexorablement à un groupe qui, ayant pourtant tout pour plaire, ne m’a jamais accroché plus que ça par ses galettes studio : Pearl Jam. Mais après un concert, c’était tout autre chose!

C’est bizarre, ma critique est que cet album est peut-être trop parfait. Bizarre non ?…Des titres comme « Sunsets » nous servent des refrains en forme d’hymne épique qui sont trop parfaits. Je cherche l’imperfection et je ne la trouve que dans sa…perfection. Bizarre. Tout arrive au bon moment, les riffs, la batterie, les arrangements : le son est riche, touffu, les mélodies accrocheuses (« Stumblin' »)… Ils ont du talent à revendre, c’est clair. Ce n’est pas un produit marketing, non, c’est plutôt la maison de disque qui essaie de surfer sur la vague.

Une chose est sûre : sur un malentendu, ça pourrait marcher.

-Le site musclé des Powderfinger