Sur fond de nappes synthétiques apaisées et vague à l’âme mélodieux, Tex la Homa transporte l’auditeur au-delà du bitume pour le faire décoller loin, très loin vers des horizons encore vierges.


Des instants plus rares et précieux qu’on ne le pense venant de la part de votre humble serviteur. Sur la gigantesque pile de nouveaux disques qui trône sur mon bureau -et qui soit dit en passant commence sérieusement à piquer du nez- il se démarque parfois un album avec un visuel qui intrigue d’entrée : la pochette du nouvel album Tex la Homa en l’occurrence, sent bon le béton urbain et laisse entendre un fatalisme écologique digne du Soleil Vert, ce classique 70’s de la SF.

Généralement et subjectivement, les expériences antécédentes m’ont réconforté sur le fait que les pochettes de disque à l’esthétique de désolation verdâtre et urbaine offrent lieu à des albums de rock atmosphérique d’une qualité supérieure : de mémoire et pour confirmer mes propos, on avancera le Beat de Bowery Electric (dont la pochette brute symbolisait à merveille shoegazing délabré avec electronica en 16/9) et puis récemment les post-rockers de Paik (The Orson Fader) et Yume Bitsu, véritables odes en mémoire de Nagasaki et autres déserts radioactifs … On se dit donc qu’If Just today… et cette vision de chantier urbain perpétuel, le contenu ne peut forcément pas nous décevoir.

Tex la Homa, c’est l’histoire de Matt Show, un jeune trentenaire britannique qui a sorti voilà deux ans un premier album, Dazzle With Transience, sur son propre micro-label Superglider. Distribué de manière artisanale d’abord via son site Internet, le disque a bénéficié d’un effet de bouche à oreille efficace, en tout cas assez conséquent pour atterrir sur les oreilles avisées de Talitres Records. Le label Bordelais s’en souviendra deux ans plus tard pour distribuer ce second album, If Just Today Were To Be My Entire Life. La mémoire est une denrée rare de nos jours.

On ne sait pas si Matt Show a écouté les disques énoncés plus haut, mais incontestablement, ce jeune homme aspire aussi a ses ambiances métallurgiques et spacieuses. Non pas que sa musique soit portée vers du post-rock (notre homme chante aussi), mais il y a là-dedans ce même souci de la mise en scène et des images panoramiques.

Seul derrière ses machines, notre metteur en son sait aussi écrire de véritables petites mélodies à la fois fragiles et sophistiquées. Quelques arpèges de guitares sur une voix jamais offensive nous renvoient étrangement à un Guy Chadwick en solo qui se serait laisser convaincre par nappes d’électro-ambient (magnifique  » Paper Car »). Dans le même ordre de choses, certaines textures synthétiques rappellent de manière troublante les dérivations new wave de The Sound période Shock of Daylight, notamment sur « Never Boring ».
Toujours avec ce sens juste de l ‘ « économie des moyens », Tex la Homa affiche cette volonté de ne jamais en faire trop : le chant sait s’éclipser lorsque les parties instrumentales se font plus profondes. On prend ainsi mieux le temps de respirer. Un bon bol d’air frais, donc.

A la fois calmes et spatiales, ses compositions semblent pourtant en éternel mouvement. C’est à croire qu’elles ont été composées dans une cabine du TGV Eurostar tellement cette sensation de mobilité nous poursuit inlassablement tout au long du disque. Les théories établies autour de la relativité prennent tout leur sens à l’écoute de ce très bel album.

-Le site officiel de Tex la Homa

-La page de Tex la Homa chez Talitres