Tanakh fait partie de cette nouvelle scène psyché folk US qui puise son influence dans la musique des babas britons Fairport Convention et Pentangle, tout en ne reniant pas l’héritage d’un Giant Sand. Une collection de sublimes ballades qui tracent un pont entre americana et ballades folk crépusculaires.


Signé sur le label canadien Alien 8 (Constellation et tout ce qui compte actuellement d’étrange dans le domaine du rock), Tanakh ne pouvait par conséquent émerger que d’un esprit singulier : Jesse Poe en l’occurrence. Cet ancien résident de Richmond en Virginie, récemment expatrié en Italie, est ce que l’on peut appeler un hyperactif : lorsqu’il n’est pas occupé à produire une pléthore de groupes ou louer ses services en tant que guitariste pour Ben Chasny de Six Organs of Admittance, notre bon samaritain est également -dixit sa bio- cinéaste, écrivain, poète et enseigne à Florence ! Un emploi du temps qui ne doit pas lui laisser trop de temps pour aller pêcher… on se demande bien comment il a trouvé le temps d’enregistrer ce second pavé.

Ne croyez pas que les compagneros de Thrill Jockey soient les seuls détenteurs de cette formule magique capable d’évoquer à travers quelques relents country éthérés les déserts d’Arizona et autres grands espaces dignes des films de John Ford. Il faudra désormais compter sur Tanakh pour nous distiller ses petits parfums de sable chaud et autres scorpions qui hantent ces terres arides. Mais attention ! si vous les croisez un jour, ne leur dites pas ce que je viens d’écrire, nos amis se vexeraient certainement !
En effet, ce collectif préfère à la canicule le froid de novembre et les bottes humectées de crachin. Mieux vaut évoquer en leur présence la scène psyché folk britannique sixties via les formations mythiques de Richard Thompson et Bert Jansch. Il n’empêche, et j’insiste, que l’ensemble rappelle également beaucoup la scène de Tucson (Giant Sand, OP8, Calexico, Califone…).

Successeur de Villa Claustrophobia en 2002, Dieu Deuil compte pas moins de douze musiciens en ses rangs, dont parmi eux quelques noms familiers tel que le solitaire Jim White, Michele Poulos(Poulos, Songs Of Patrick Phelan), Brian Jones (Them against Them), Darius Jones ( CUD, Birds in the Meadow) et le guitariste de flamenco Ayman Fanous (Sharp, Tomas Ulrich.). Avec une telle armada de franc-limiers, il n’est pas étonnant de constater que les morceaux sont plutôts longs dans l’ensemble.

A partir de solides mélodies, les instruments se laissent aller à de grandes improvisations dans l’esprit de Fairport Convention. L’allusion avec le chant alterné homme/femme renforce encore plus cette comparaison. Violons, accordéons, clarinette, stylophones et bouzouki évoluent ensemble au beau milieu de ses ballades incantatoires.
On pense parfois à Molasses pour cette mise en scène crépusculaires et ce mélange d’improvisation à la limite du lugubre. Comme énoncé plus haut, d’autres passages évoquent fortement la country/folk pastorale de Giant Sand. On se dit que finalement que Tanakh est parvenu à construire un pont entre les deux genres, americana atmosphérique et folk psychédélique.

Si leur nom est tiré des écrits hébreux, Tanakh sait aussi développer un climat mystique qui devrait charmer tout amateur de ballades folk funèbres.

-Le site de Tanakh chez Alien 8