The Experimental Pop Band a enfin trouvé la musique qui colle à son nom avec un disque extrêmement touffu et riche. On ne sait si le succès sera de la partie cette fois-ci, mais la qualité y est.


The Experimental Pop Band… La première fois que j’ai fait connaissance avec ce groupe c’était il y a deux-trois ans, à l’occasion de la sortie de l’album Homesick (1999), puis avec l’album Tracksuit Trilogy en 2001. Jusque là, je dois avouer que leur musique ne me faisait ni chaud ni froid. Oui, tiède est le mot qui convient. Le quatuor de Bristol jouait une sorte de pop hybride qui étonnait sans surprendre, qui se laissait oublier assez rapidement en fin de compte.

Et voici qu’arrive cet album, accueilli sans curiosité d’appréhension, mains non sans interrogations en suspens : ces musiciens arrivent-ils à vivre en faisant à répétition des albums moyennement bons ? Pour un groupe originaire de Bristol, tout comme Postishead ou Tricky, il faut avouer que la déception était souvent de rigueur. Mais voici qu’ici cette comparaison vole en éclats. Et c’est avec un groupe comme The Fall que l’on se surprend à les comparer. Tiens, tiens, si ce n’est pas bienvenu !

Le mélange des genres est toujours là, mais il signifie enfin quelque chose, à savoir une expérimentation pop -enfin ils portent bien leur nom. La dance, le rock, le trip-hop et d’autres choses encore comme le jazz se bousculent au portillon. Chaque chanson possède une saveur, une odeur et un feeling différent. Pour seule preuve, prenez le titre « Desert Me » où le violon vient délirer allègrement sur une batterie à la dEUS période Worst Case Scenario. Il était temps vous me direz.

« Retro Folk Suckers » lorgne du côté de la trip-hop bristolienne, mais « Gothenburg » semble rendre un hommage appuyé à la bande de Mark E.Smith. Et puis arrivent des titres du type « The Hyppies don’t know » aux boucles synthétiques très efficaces et …très pop.

L’utilisation qu’il fait d’ailleurs du synthé sonne bien plus abouti qu’avant, arrivant à en sortir ce qu’il a de meilleur, mais sans en faire la mouture exclusive du morceau. C’est d’ailleurs dans cette meilleure utilisation des instruments en général et des mélodies en particulier, qui donne d’ailleurs à cet album, de prime abord, un son très touffu, difficile à cerner, que l’on se sent attiré par la générosité et la richesse qui s’en ressent.

Davy Woodward n’a pas perdu un poil de sa verve Britannique – à savoir plus qu’humoristique- dans des propos très sarcastiques pas piqués des hannetons. On pense aux Happy Mondays également, référence que le chanteur apprécie d’ailleurs. Ce qui n’est point étonnant, car on est forcément influencé par ses influences, si vous me permettez ce jeu de mots faciles. Il semble aussi enfin avoir digéré la mort du bassiste Christopher Galvin qui avait fondé le groupe avec lui en plein milieu des années 90, ce qui avait d’ailleurs retardé la sortie du successeur de Discgrotesque.

Et on ne peut que sourire en écoutant Davy nous chanter de sa voix d’alcoolo sur le retour, à l’accent si prolétaire et au débit de paroles nonchalant, qu’il est le seul à ne pas boire…(« I’m the only one here who doesn’t drink »). En général, si on comprend bien l’anglais, les paroles valent franchement le détour, et ce d’autant plus si l’on est, comme moi, amateur de littérature à la Bukowski ou à la Pierre Mérot, dont le dernier roman, Mammiphères, est une belle parabole faite à l’alcool.

En un mot comme en cent, cet album très riche et varié, que l’on pourrait presque qualifier de littéraire, est le testament d’un Davy Woodward qui fait enfin ce qui lui plaît. Et ça plaît !

-Le site de Cooking Vinyl