Attention : album ovni! Une sorte de The Darkness bis, en plus varié, nous débarque de Chicago pour cet album pamphlet complexe honorant autant les années 70 que 80.


Bobby Conn and the Glass Gypsies est un sextet qui s’est vite fait remarquer pour ses prestations scéniques hors norme, où son chanteur et multi-instrumentaliste Bobby Conn, entouré de ses acolytes gitans, aime arborer des soutanes et autres déguisements destinés à choquer l’Amérique bienpensante, puritaine et conservatrice. Il a même ‘blagué’ en se présentant comme le nouvel antéchrist, aidé en cela par un certain Jim O’Rourke… C’est déjà le quatrième album du groupe, et il est vraiment très bon pour quiconque aime autant le hard-rock glam que le funk d’un Prince période The Revolution ou le rock progressif du Genesis des débuts.

Dès la première écoute, le titre « Relax » attire l’oreille tellement il rappelle en vrac Prince, Earth Wind & Fire et une ribambelle de références plus loufoques les unes que les autres, mais nous renvoient toutes aux bonnes vieilles années 70 et 80… Et puis, plus on écoute l’album, plus il faut reconnaître qu’il est diablement bien ficelé. L’humour, allié au talent de ses musiciens, fait mouche. Le tiraillement dans le chant de Bobby Conn, qui va perpétuellement vers l’aigu rappelle le Love Symbol mais aussi les pitreries du chanteur de The Darkness. Il semble donc de bon aloi de nos jours de singer les artistes les plus guignolesques de ces années-là…. Le ton est souvent proche du cabaret aussi, ce qui est assez rare dans le rock.

L’introduction de « The Style I Need » nous replonge dans Van Halen, on part ensuite vers Def Leppard et tout le hard-rock qui faisait de la scène la promo essentielle d’un disque et d’un artiste. Il semble bien que ce soit à nouveau le cas ici d’ailleurs puisque ces trublions aiment, comme le montrent à merveille la photo centrale et la pochette, les accoutrements farce de Motley Crue et des drag queens (hautes bottes à talons compensés, bas, torses nus…etc). A la différence de The Darkness, auquel je n’ai pas vraiment accroché, je trouve ici le propos, la démarche et la musique bien plus riches. Nous avons même droit à des violons (joués par Monica BouBou, la seule femme du groupe) dans « Cashing Objections » ou dans « Home sweet home » qui font irrémédiablement penser aux Beatles (et plus précisément aux fameux arrangements tant décriés d’un Phil Spector).

Nous avons droit aussi, en plus d’instruments comme l’orgue, la flûte ou des choeurs léchés, à des nappes de synthé qui ont fait la gloire d’un Electric Light Orchestra. Mais le pire dans tout ça, c’est que ce mélange qui sur papier pourrait sembler plutôt imbuvable, voire nauséabond, est d’une fraîcheur telle que l’on mord à l’hameçon, et ce avec le sourire!

La critique de la société américaine actuelle, celle de Bush Junior, y est (mal)traitée à foison, critiquée pour son unilatéralisme ultra-conservateur et son messianisme d’un autre âge. Les textes sont assez littéraires, écrits comme pour un opéra (bouffe), plutôt surréalistes, et ne cachent nullement leurs références, que ce soit Prince, Genesis ou même, dans tout le concept, George Duke.

Et puis, si au niveau références diverses, votre appétit n’est pas rassasié, « Bus n° 243 » s’apparente aux meilleurs jokes de Pulp. C’est dire l’étendue de leur talent. Ce disque est ludique!

-Le site de Bobby Conn