Embarquez dans une promenade apaisante vers les contrées chaleureuses de l’Americana et ajoutez-y une pincée de mélodie british. A mi-chemin entre Badly Drawn Boy, Neil Young et les Red House Painters, Prospect Park est un jardin public réservé à tous.


Du côté de ses rustiques de Badman Recordings, les guitares boisées ont toujours eu une saveur que l’on ne trouve nulle part ailleurs. Bien à l’abris du froid dans son potager couvert, les graines cultivées ici grandissent dans un environnement sain, à l’écart des usines et autres Universsal… C’est peut-être pour cela que ces grands artisans de l’économie que sont Hayden, Mark Kozelek et Swell sont toujours restés fidèles à cette institution de l’indi-folk. On récolte ce que l’on mérite comme on dit…

Bien à l’écart dans son Angleterre natale, James William Hindle est un des derniers rejetons du label localisé à Samo, près de San Fransisco. Son premier album sorti voilà deux ans reprenait les même schémas que la «Maison Rouge des Peintres» : même pochette-photo d’un paysage désolé et un sens du désarroi bien entretenu. Toutefois, on pouvait sentir un goût plus prononcé pour les mélodies crève-coeur et le travail bien fait. Du bien bel ouvrage de menuisier en somme.

Après une tournée bien rôdée aux quatre coins des Etats-Unis en compagnie des résidents The Essex Green, The Ladybug Transistor et Sunshine Fix, notre amoureux des matières nobles a invité quelques-uns de ces musiciens dans sa « cabane au Canada » pour mettre en oeuvre sa nouvelle collection de pépites. Et à force de travailler le bois avec ses mains, Hindle est devenu bien plus qu’un simple artisan, il a élevé son travail au rang d’art.

Durant les 35 minutes qui suivent l’écoute d’A Prospect Park, on se retrouve transporté dans un environnement où rêgne une plénitude totale. Au beau milieu de ce jardin public, il fait bon flâner autour des arbres et ces espaces verts idylliques. On a envie de grimper au sommet d’un arbre centenaire pour y admirer le paysage. Une fois agrippé sur ses branches bien solides, la vue qui surplombe les autres chênes demeure incomparable. On se prend alors a rêvasser, caché derrière les branchages, à rencontrer au détour d’un chemin quelques amis très chers tel qu’Elliott Smiths (très troublant « Come Down Slowly »), Neil Young (« Hollow Bodies ») ou Mark Kozelek (« You Will be Safe »).

Bien sûr, l’Angleterre, pays natal du folksinger, semble bien loin des contrées de l’Americana mais demeure proche dans le coeur. L’homme n’en écarte pas pour autant ses origines et on perçoit ça et là, à travers quelques mélodies et arrangements, l’héritage de la vieille Europe. Et puis on se dit que si Badly Drawn Boy troquait un jour son bonnet pour un chapeau de paille, il y aurait de fortes chances pour que sa musique ressemble à celle de Prospect Park.

On ne saura que trop conseiller ce petit bijou artisanal aux inconditionnels d’Either/or, Bryter Layter ou le premier Ron Sexsmith peuvent immédiatement se jeter sur ce disque. A ce niveau là, même pas besoin de faire un saut sur la borne d’écoute, se serait pure perte de temps.

-Le site de Hindle chez Badman