Des plaines arides de l’Arizona nous arrive ce disque post-rock de très bonne facture qui se permet même de faire quelques clins d’oeil au proche Mexique à la manière de Calexico.


Il était une fois un groupe qui faisait ce que l’on pourrait qualifier du country rock alternatif : Giant Sand. Composé de personnalités hors pair, toutes très douées, il n’est pas étonnant que certains aient volé de leurs propres ailes pour s’épanouir ailleurs. Howe Gelb, le leader, nous a montré, via ses albums solo, sa très grande qualité de composition et de performance. Joey Burns et John Concertino sont quant à eux partis faire du mariachi rock alternatif avec Calexico : ils en sont déjà à leur quatrième album et force est de constater qu’ils ont du talent à revendre. Ayant eu la chance de les découvrir, l’un comme l’autre la même année (1999 ou 2000) sur scène, il était tout à fait logique de se précipiter, les yeux fermés, sur leurs disques mais aussi sur quelques-uns émanant de Giant Sand et enfin sur OP8, un projet très intéressant qu’ils avaient lancé avec Lisa Germano pour un album lyrique et inventif. Enfin, Naked Prey a fourni le reste de la bande. C’est ensuite que Friends Of Dean Martinez et son Atardecer (1999) ont bouclé la boucle des groupes indie en provenance d’Arizona.

Comme si toutes ses différentes voies ne suffisaient pas, nos lascars avaient lancé (à l’origine Friends of Dean Martin, changé en Martinez pour prévenir toute poursuite en justice) en 1995, avec un premier album tentant d’offrir une bande sonore aux larges contrées de l’Arizona, et ce, entre autres, avec l’aide d’Howe Gelb. S’apparentant par moments, lors des albums suivants, à leurs side-projects, les Friends of Dean Martinez se feront remarquer par un son plus cheap que Calexico par exemple, et surtout moins latin, plus tex-mex, mettant plus en valeur la musique américaine tout en restant dans le registre post-rock, que l’on appelle également out-rock. La steel guitar de Bill Elm est omniprésente et les chansons sont presque exclusivement instrumentales.

Random Harvest est -déjà- leur septième album, signé chez les allemands de Glitterhouse, après respectivement un passage chez Sub Pop et Knitting Factory. Bill Elm, tête pensante du combo, est le seul point commun de l’histoire du groupe, qui fête cette année ses 10 bougies d’existence. Les joyeux lurons de Calexico ont quitté le navire, mais ont laissé derrière eux quelque part leur manière de faire, et ça se remarque dès le premier titre, « So well remembered ». Je dois même avouer que je voyais dans ce titre la marque des gars de Tucson, dans ce côté un peu latin qui donne l’eau à la bouche et qui donne envie de se délasser dans un hamac. Et puis on apprend qu’ils ne sont pas de la partie. Et bien franchement ça ne s’entend pas, et on ne s’en plaindra -du coup- pas non plus d’ailleurs.

La suite, à l’exception de « Lost Horizon », est bien plus dans la mouvance post-rock, avec des guitares aériennes (« Ripcord ») rappelant le Paris-Texas d’un certain Wim Wenders, un chouïa plus rock’n roll quand même. « Random Harvest » est une ballade qui sent bon le rock de festival, avec ses guitares sur des nappes d’orgue et une batterie plutôt lourde. « Dusk » poursuit dans la même veine, et rend du coup l’écoute du disque plaisante tout en diffusant des vertus relaxantes propres au voyages par l’esprit. Leur musique s’est en quelque sorte rapprochée de celle de Giant Sand, fermant la boucle…

On croirait bizarrement écouter le même air, repris à outrance titre après titre, un peu comme dans la musique classique, où le même thème se retrouve perpétuellement avec des variations plaisantes. Un bon album.

-Le site de Friends of Dean Martinez .