Franz Ferdinand est la nouvelle sensation rock, avec un premier album où le groove est à son paroxysme : mais, parmi la jungle de nouveaux groupes, est il vraiment au-dessus du lot ?


On peut se dire, de manière justifiée, à une époque où la House et le R’n’B assiègent n’importe quelle boîte, où le Hip Hop version « Cadillac & chicks » envahit les ondes radio et télé, où la Star Academy fabrique des stars pastiches et vides de personnalité en trois coups de cuillère à pot, qu’il n’y a plus tellement de place pour le rock sur les dancefloors. Mais il ne faut peut-être pas se prononcer trop vite, car une nouvelle vague arrive, et Franz Ferdinand, dernier en date, se pose en suiveur en proposant une excellente synthèse de rock, de funk, de dance et de post-punk. Avec tout ça dans le même carton, on est peut-être en droit d’espérer se remuer les fesses à nouveau sur du rock ?

C’est sûr, ce n’est pas quelqu’un écoutant du rock qui va réussir à intéresser des gens qui n’en ont cure. Mais une petite démonstration vaut mieux qu’un long discours. Alors, voici la petite expérience : une playlist interminable de rock divers et varié au cours d’une soirée où la majorité des gens sont très éloignés de la culture rock, et, lorsque passe Franz Ferdinand pour la première fois, les oreilles se font plus attentives : « Qu’est ce que c’est ça ? C’est sympa, ça donne envie de bouger !». Tiens donc, serait-il si étonnant de faire du rock groovy, qui remue un tant soit peu ? C’est en tout cas pari réussi avec l’efficace premier album de ce quatuor écossais.

Ils sont quatre : Bob Hardy, Nicholas McCarthy, Paul Thomson et Alex Kaparanos. Ils viennent d’Ecosse, et ont tout bonnement choisi comme nom pour leur groupe celui de l’archiduc qui se fit assassiner à Sarajevo en 1914, ce qui déclencha la première guerre mondiale…. Mais qu’ont-ils de plus, ces quatre là, pour que l’on s’intéresse aussi rapidement à eux ? Déjà, un single foutrement efficace, « Take me out », qui s’incruste dans vos tympans fébriles, et qui opère rapidement : des rythmes très proches de ce que l’on entend sur les dancefloors, à savoir quasi-binaires, une basse très funky, des paroles qui reviennent : « I say, don’t you know ? / you say, you don’t know / I say / Take me out».
Là où des groupes comme The Rapture se sont essayés sans réellement y parvenir, Franz Ferdinand fait mouche directement : plus on fait simple, plus les gens retiennent, et ce n’est pas faux.

Après deux-trois écoutes d’un morceau quelconque de leur album, n’importe qui pourra vous siffloter le refrain. « This Fire » a tout pour vous faire bouger tel John Travolta le samedi soir, aussi bien que « The Dark Of the Matinee » ou encore « Cheating On You », « Darts Of Pleasure » (leur premier single), « Michael… ». Cet album est explosif, il vous entraîne dans 38 minutes de groove effreiné, comme on n’avait pas entendu depuis… le premier album de The Liars ? On est en plein milieu d’influences punk, de rythmiques funk, de pop colorée, et de dancefloors potentiels.

Mais, restons néanmoins prudents. En effet, si leur premier album a tout pour faire un carton, rien n’indique que le prochain album sera de la même trempe. Alors, Franz Ferdinand, état de grâce passager ou réel talent ? Il faudra attendre un peu pour se prononcer, mais il faut savoir qu’ils ont passé l’épreuve du live avec succès, étant déjà bien rodés, et transposant à la perfection l’esprit de leur premier album. Le succès peut très vite monter à la tête, surtout lorsque l’on a à peine plus de vingt ans, et que l’on passe directement de son garage à la une de tous les magazines. On ne peut souhaiter qu’une seule chose à nos écossais : qu’ils surfent comme il faut sur la vague de leur succès récent, qu’ils se sèchent un peu, et qu’ils nous remettent ça sur un deuxième album !

-Le site de Franz Ferdinand