Un rock à la hauteur des jambes de la demoiselle sur la pochette, ça ne vous met pas l’eau à la bouche? Attention on peut s’y brûler!


On ne se pâme pas souvent devant les pochettes des disques. En tout cas pas assez souvent. En recevant cette galette, parmi tant d’autres, votre serviteur doit avouer que celle-ci, arborant une belle aux jambes d’enfer (rappelant ZZ Top et son « Legs ») a véritablement tapé dans l’oeil et il n’a pas fallu beaucoup de temps pour :
1 tourner la pochette afin de voir son visage… et
2 écouter la musique.

Je vous laisse la surprise de découvrir le premier point, voici le deuxième :

Le premier titre, « Night Terror », un instrumental tout ce qu’il y a de plus dynamique, a l’avantage d’annoncer la couleur d’entrée de jeu. C’est à un rock proche des Girls against Boys, en un chouia plus apaisé, qui invite à l’écoute plus qu’au déhanchement, auquel les canadiens d’Ativism nous convient. La voix très suave mais néanmoins grave de son chanteur et guitariste, Dan Burton, met à l’aise aussi. A l’origine duo (Chris Carothers et Mark Rice), le groupe instrumental (tiens, tiens) gagnera, à partir de 1995, à s’adjoindre les talents de Dan et de sa voix chaude et sortira plusieurs albums, connaissant un succès modeste en Amérique et quasi inexistant chez nous. C’est bien dommage.

Les envolées mélodiques comme « Drink This » sont très proches de l’univers de Pavement aussi. Et même quand l’on met les bouchées doubles, et que l’on pourrait croire à du rock sulfureux, rappelant en cela Fugazi, le propos se calme rapidement, ressemblant plutôt à Codeïne. Imitant en cela le jazz, le trio donne à chacun le temps et l’espace de s’exprimer avec son instrument, tout en rappelant un modus operandi collectif qui accroche, voire qui scotche.

Les titres défilent et le tout est si bien agencé que l’on croirait être devant un simili d’opéra rock, dans le concept s’entend. Tout se tient parfaitement, et le choix de l’ordre des titres, ne semble pas être le fruit du hasard. Plusieurs instrumentaux (dont le ténébreux « Endless » ou le puissant « Scout ») viennent agrémenter la sauce, un peu comme si lors d’un bon repas gastronomique des sorbets au champagne vous étaient servis entre les plats. C’est du meilleur effet, vous l’aurez compris.

« The Game » est bien illustratif de tout l’album : une batterie au tempo syncopé et une mélodie enivrante entrecoupés d’accélérations chaloupées, le tout chanté sur un ton monocorde invitant à l’assoupissement, et c’est en cela qu’il fait penser à certaines des premières oeuvres des Girls against Boys, ou, plus précisément, du side-project de son chanteur Scott McGloud: New Wet Kojak, sans le côté expérimental jazzy, mais bien dans cette déconstruction sonore perpétuelle. L’expression rock y est tout aussi pertinente, avec un trio batterie et deux guitares très haut en couleurs.

« Sleep well » est encore une fois un instrumental clôturant de belle manière ce très chouette et court album. (31 minutes)

-Le site de Secretly Canadian