Pas la révolution dance rock annoncée, ce duo de Brooklyn brandit des guitares synthétiques sur un premier album agréable, avec toutes les qualités et défauts que cela prend en compte.


On a déjà dit beaucoup de bien de « Seventeen Years« , premier single irrésistible de ce duo basé à Brooklyn, chouchou de quelques établissements « in » comme Colette, voués à la gloire de la consommation stylée et éjectable. Voilà donc qu’arrive le premier album de Ratatat, épreuve souvent difficile pour bien des formations électros de ce créneau, car réputées incapable de tenir la durée sur le long format. Surtout que le premier single cité plus haut apportait un indéniable vent d’air frais à l’électro instrumentale à forte consonance ludico-rock.

Du côté de la Big Apple, les singles electro-rock bulldozers sont devenus la spécialité du coin. Depuis l’émergence de l’entreprise de démolition dance-floor DFA Records, New York est scruté de très près par la presse spé qui compte dégoter avant tout le monde la nouvelle sensation dance-rock (Rapture, Radio 4, LCD Soundsystem). Mike Stroud, (guitariste) et Evan Mast, (multi-instrumentiste et programmeur) ont le profil type : Deux musiciens rock qui se mettent à l’electro, y a pas plus tendance en ce moment ! Pas étonnant que des revues comme The Face, Dazed & Confused ou Jockey Slut se soient jetés dessus, mais comme dit le vieux proverbe, il n’y a pas de fumée sans feu (sauf lorsqu’on lit le NME).

Ratatat trafique une musique instrumentale étrange, construite autour de guitares synthétiques et de nappes robotiques dignes de Kraftwerk. Mais à l’instar des pionniers allemands, cette musique possède une chaleur et une humanité que l’on a bien du mal à retrouver chez d’autres confrères. Si on gratte même de plus près, on se rend compte même que cette approche synthétique guitare/synthé n’est pas si nouvelle que ça : on retrouve de manière troublante les trajectoires soniques de Mike Oldfield sur le très méconnu Amarok.

A la fois très simple, limite «enfantine», cette musique emprunte beaucoup au rock en renouvelant des mimiques guitaristiques labelisées 70’s, qui, soit dit en passant, transposées sur un groupe de rock actuel seraient tout bonnement risibles. Mais intégrés sur des textures synthétiques modernes, la formule jouit d’un providentiel élixir de jouvence, tout bonnement euphorique par moments.

Seul dommage, ce disque n’est pas parfait de bout en bout et aurait un peu tendance à se reposer sur ses acquis. On regrette un peu que le duo tente de réitérer le coup de poker de « Seventeen Years », toujours un chouia moins bon, pas excecrable, mais tout simplement indigne. On a alors affaire à de pales redites. Du coup, l’ensemble de l’album souffre un peu de la comparaison.

Heureusement, ce disque ne comporte pas que des tentatives dance floor prétentieuses genre « Hu, in your face ! », façon Mya Frie. C’est finalement lorsque nos deux Brooklynois tentent d’élargir leur palette sonore, voire ralentir le tempo, qu’ils tiennent le bon bout. Ratatat sait alors se transformer en un incendiaire bruit de mitraillete et dévoiler une humanité qu’on ne soupçonnait guère. Des mid-tempos comme « breaking away » en attestent irrémédiablement et usent de stratèges ingénieux pour relever des compositions qui peuvent paraître à première écoute plutôt faciles.

Il faudra donc faire son tri au bon milieu de ce long format courageux, non dénué de perles electroglorifiantes. On regrette seulement que la variété soit pas un peu plus au rendez-vous.

Ratatat

– Chez XL

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