Le gros matou est de retour pour un disque qui revisite ce qu’il y a de plus kitsch issu des années 80… Certains plats sont meilleurs réchauffés, dit-on souvent. C’est le cas ici.


Ce qui frappe d’entrée de jeu avec Felix da Housecat c’est ce formidable talent qu’il a à mélanger tout et n’importe quoi, pourvu que sortent les sons les plus kitsch et funk, en passant par les Eighties, et d’en faire quelque chose qui reste toutefois moderne. On peut, c’est vrai, comparer Felix da Housecat à Basement Jaxx (évident sur « Hunting season ») pour ce côté formaté pour les boîtes de nuit : une musique qui semble avoir pour seule raison d’exister le déhanchement des foules. Mais il y a plus que cela : c’est aussi une façon pour ceux qui se cachent derrière les manettes de composer dans la modernité des titres qui remettent à l’honneur une vaste panoplie de sons qu’ils regrettent de ne plus entendre. Alors, au lieu de se plaindre et d’écouter leurs vieux disques poussiéreux, ou de faire de surcroît des fêtes « revival », autant créer : c’est tout à leur honneur d’ailleurs.

Felix Stallings Jr, connu dans le milieu de la house de Chicago, a d’abord officié sous les noms de Thee Maddkatt Courtship, Aphrohead ou Sharkimaxx. Son label Radikal Fear Records en fait très vite « La » référence en matière de house. Des remix pour des célébrités comme Madonna ou Kylie Minogue, mais aussi pour des artistes plus alternatifs comme Dot Allison, en ont fait un incontournable de la scène électro américaine. Son dernier projet de mégalo kitsch s’intitule Devin Dazzle & the Neon Fever.

Les voix des choristes The Neon Fever (elles sont quatre) rappelant Bananarama (vous vous rappelez la brune ?), le synthé très vieux jeu, les voix triturées à l’ancienne (style Zapp), un look craignos à souhait : on pense aux monstres à permanente du funk mais aussi de la new wave comme The Human League (« Everyone is someone in LA » et « Neon Human ») ou Nik Kershaw. Le parlé chanté en français sur « Romantique » ressemble à Miss Kittin ou Magnus, des noms tout ce qu’il a de plus branché sur la scène dance actuelle. Le français semble d’ailleurs plutôt à la mode depuis que la grenobloise qui se cache derrière Miss Kittin a sorti son disque avec The Hacker. Et quand on sait que celle-ci a apporté sa voix sur le deuxième album de Félix le chat,Kittenz and Thee Glitz(2001), il n’y a rien d’étonnant à cela.

Certains titres aguichent plus que d’autres. C’est le cas de l’aérien « Ready to wear » ou de l’électronique « Let your mind be your bed ». Quant à « Watching cars go by », qui emprunte le cri de Art Of Noise mais aussi des riffs de guitare très efficaces, il se pourrait bien que ce soit le titre le plus réussi de la galette, peut-être parce qu’il se différencie du reste : il n’y pas de côté kitsch appuyé, exagéré, et c’est plutôt le côté rock, laissant transpirer la performance, qui est ici mis en avant. Peut-être James Murphy, producteur de The Rapture, y est-il pour quelque chose, allez savoir…

Ce disque apparaîtra à beaucoup comme un voyage dans le temps car il semble avoir « raté » son époque, à savoir le début des années 80. En fait, par rapport à sa galette précédente, Kittenz and Thee Glitz, Felix semble livrer ici son album le plus intime. Comme s’il décidait, dans un ultime sursaut, de dévoiler ses goûts les plus honteux au reste de l’humanité. C’est réussi.

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