Foisonneux ou foireux -biffez la mention inutile- , voici comment on peut présenter ce méli mélo hybride et assez indigeste…


Quand on reçoit un disque à chroniquer qui provient du label Constellation, on ne sait pas si ce sera très bon mais on sait que ce sera de l’Art -abstrait- avec un grand A. En effet, ce petit label devenu costaud dans le genre abrite des éminences comme Godspeed you! black emperor, Silver Mt Zion, RE:, et puis bien sûr Fly Pan Am, tenant son nom d’une grande compagnie aérienne américaine. Provocateurs jusqu’aux orteils…

Attardons-nous, si vous le voulez bien, en guise d’introduction au monde de ce quartette canadien, sur la pochette de N’écoutez pas. Regardez-la bien et tentez d’imaginer la musique que peut bien évoquer une pochette aussi déconcertante. Bon, le plat de résistance maintenant.

La musique de Le Fly Pan Am – l’article défini « le » accolé ici n’y changera pas grand chose – semble avancer dans un registre très très fermé, réservé à deux catégories de personnes : ceux qui aiment l’expérimentation musicale en tant que telle, et qui n’a que pour seul but elle-même (vous me suivez?), et de l’autre côté ceux qui voudraient accompagner le bordel qui caractérise leur cerveau -ou plutôt les idées qui s’y bousculent- d’une bande originale, aussi insupportable soit-elle. Oui, le mot est lancé comme un chien dans un jeu de quilles : ce disque est à classer aux côtés du dernier des Liars, il est franchement éprouvant. Alors, il est vrai, que l’on pourra rétorquer que comme, allez, n’ayons pas peur de le citer, Fantômas, Fly pan Am explore des régions sonores vierges. Oui, si on veut, passons, car comparaison n’est pas raison. Surtout que l’on ne compare pas des pommes et des poires…

En clair, si on passait en boucle ce disque à l’association qui défend les droits des habitants qui jonchent un aéroport, l’échec serait retentissant. Ecouter un tel vacarme, fouillis qui part dans tous les sens relève de l’activité de luxe. Qui peut se payer le luxe en effet d’écouter le joujou que quelques énergumènes ont enregistré just for the fun of it?. Je vous préviens, je n’en suis qu’au -bien nommé- « Autant zig-zag », un des deux titres qui affichent deux chiffres au compteur du CD, et je commence à sentir les gouttes de sueur couler le long de ma colonne vertébrale. Une sensation nauséabonde apparaît soudain, avec le -bien nommé- « Buvez nos larmes de métal ». Les crampes musculaires titillent l’estomac : pourvu que ce ne soit pas un ulcère. Et puis cette voix qui murmure « pas à pas » commence à me les casser franchement. En effet, pas à pas je me laisse emporter dans ce tourbillon. Mes neurones crient « gare au loup ». Le danger guette. Vous imaginez celui qui, dans son bureau de label indépendant décide de franchir le pas et de sortir la chose sur CD? Il y a de quoi se poser des questions sur l’industrie du disque…

Oui, c’est vrai, on a droit à un salmigondis qui laisse s’immiscer ici une influence de Sonic Youth (section guitares assourdissantes) et là de Suicide (section dépression punkisante), voire de Godspeed (section Godspeed), dont l’un des membres officie ici à la guitare. Mais enfin autant écouter les originaux alors non?

Il est vrai aussi que de temps en temps (pas trop tout de même sinon ils risquaient d’être taxés de commerciaux…), les titres sont plus écoutables, obéissant à un formatage moins pointu, plus abordable, à l’instar de « Très très rétro », l’autre morceau à deux chiffres. En tout cas ou pourra pas dire que je n’ai pas essayé de le défendre ce disque, contre vents et marées, mais il y a des combats qui sont perdus d’avance… Ce disque est réservé à un public plus qu’averti.

Une question subsiste : qui a eu la bonne idée d’appeler ect album N’écoutez pas ?

La section du site de Constellation réservée à Fly Pan Am