Jimmy Webb, Lee Hazlewood et Phil Spector peuvent trembler, les épiques Polyphonic Spree rasent tout sur leur passage à grand coups de sandales. Et nous laissent toujours aussi perplexe.


Après un premier album entouré d’un buzz énorme (annoncé comme les messies par Jockey Slut, The Guardian et le NME, invités du festival Meltdown par Bowie en personne) la chorale la plus « in » du mileu rock revient, plus soudée que jamais, avec un titre tout en finesse et dérision,Together we’re Heavy.

Le problème avec ce genre de publicité, c’est que l’attente et les éloges surnaturels aboutissent bien souvent à une frustration énorme. Pour le cas du premier album de cette troupe (on peut pas dire groupe, hein ?), on s’attarde religieusement sur les chroniques dithyrambiques des webzines US, puis on tente de mettre – difficilement – le grappin dessus, l’objet se révèle hors de prix bien entendu ( import oblige), et dès la première écoute on se dit que pour le prix on aurait pu se payer deux rééditions sympas chez Sundazed. Bilan médiocre donc. Mais avec un peu de recul, on se dit que si on s’était payé le cd en total acheteur lambda, on l’aurait certainement trouvé pas mal… Deux ans plus tard donc, ce disque ne méritait pas le sommet poussiéreux de l’étagère. Bouh !

Le premier album de The Polyphonice Spree, The Beginning Stages of… laissait présager d’un ego surdimensionné en la personne de Tim Delaughter, ancien leader de Tripping Daisy, qui entouré d’un ensemble d’une vingtaine de musiciens (24 en vérité, j’ai compté sur la pochette) compose des pop songs à l’ambition mastodonte : un orchestre à cordes Wagnérien, des choeurs à la Carmina Burana (enfin quand même pas, mais presque…) et des tambours battants à faire décrocher la mâchoire de ceux du Bronx. Même Dave Fridmann fait un peu dépassé devant un tel gigantisme affiché. En secret, on imagine que Delaughter a un vieux démon qui le harcèle : en découdre avec un Phil Spector au sommet de sa mégalomanie 60’s (période River Deep Mountain High), voire un Jimmy Webb s’amusant comme un p’tit fou avec The Fifth Dimension.

Problème, comment sonner humain, sensible et crédible entouré d’une chorale pseudo gospel, tous vêtus de toges blanches ? Solution : The Polyphonic Spree nous fait digérer tout ça en jouant la carte de l’autodérision : Allure de secte baba-cool, refrains à grands renforts de choeurs spirituels, clips en forme de propagande flower power, titres de chansons présentées sous forme de « sections », rien n’est oublié pour jouer la carte à fond. Mais est-ce que le stade de simple curiosité kitch et sympathique tiendra la distance sur le second opus? Les doutes étaient franchement permis.

Surprise, ce second album sonne largement plus abouti que The Beginning Stages of…. Il faut dire que le précédent traînait la réputation d’avoir été enregistré en trois jours (ça fait cool sur papier, moins pour les oreilles). Ces dix nouvelles sections sonnent moins « remplissage ». On trouve même quelques pop songs très bien ficelées, pas trop bruyantes, et quelques ballades intimistes où Tim Delaughter a mis un peu en sourdine son big band.

Ça passe ou ça casse, on aime ou on aime pas, et l’expression d’usage semble d’ailleurs leur aller comme un gant : « pas de demi-mesure chez les rois de la démesure ». Bref, The Polyphonic Spree laisse toujours une impression bordélique dans notre esprit. Tantôt on adore, tantôt on trouve ça indigeste. Mais quand on est dans une bonne phase, on pourrait se laisser tenter de penser que la bonne parole qu’ils prêchent a quelque chose de divin. Mais pas trop longtemps… quand même.

-Le site officiel de The Polyphonic Spree