Un nouveau Prince de l’electro pop est né! Il s’appelle X, il aime embrasser et avaler… mais pas seulement!


C’est en composant des titres pour Sneaker Pimps que Chris Corner en est arrivé à se voir produire en solo. Les autres membres trouvaient que Chris en faisait trop, qu’il avait trop à dire aussi, enfin, bref, que les Sneaker Pimps c’était une équipe, et pas seulement Chris. Sur ce, Corner – par ailleurs producteur de plusieurs groupes (dont Robots in disguise), patron de label et patron d’une boîte de nuit à Londres – décide de faire cavalier seul. Cela donne I Am X, en écho au premier album Becoming X des SP… Décidément, on retombe toujours sur ses pieds ici !

Qu’en est-il musicalement? Rien à voir ou si peu avec SP. Alors que ces derniers se sont fait une – belle – réputation dans le monde du trip-hop, I Am X évolue dans l’électro des années 80. On pense à Depeche Mode, à Ultravox (surtout pour les violons et certaines ambiances), à pas mal de ces groupes des golden eighties, voire même parfois à Kraftwerk. On peut noter des ressemblances avec Soldout également (« Skin vision » par exemple), duo belge paru sur le même label en Belgique (Anorak Supersport) et qui a échangé des remix avec I Am X. Le fait que Chris ait laissé tomber la guitare pour le synthé y est probablement pour beaucoup dans le résultat final. Le décorum percussionniste obéit aux mêmes caractéristiques « robotiques » et modernistes du genre. En fait, rien de mieux souvent qu’un « musicien classique » qui se met à l’électro car bien souvent il lui donne ses lettres de noblesse. C’est – largement – le cas ici.

Aidé pour les voix par Sue Denim (des Robots in Disguise), sa petite amie dans la vie privée, Kiss & Swallow nous offre des tubes qui se succèdent allègrement, entre titres dansants, percutants, joyeux, et titres plus émotionnels, voire plus sombres (« Simple Girl »). Tous ceux qui aiment la période Music for the Masses et Black Celebration des DM devraient succomber à cette galette (à ce titre, « Your joy is my low » est un exemple plus qu’illustratif). Entre une présence vocale effacée sur « Mercy » à une véritable présence sur « You stick it in me » ou « White Suburb Impressionism », on est toujours sous le charme de Sue Denim et de ses apparitions sonores. Nickel. On l’est encore plus – sous le charme – quand on la voit bouger d’une façon si sexy aux concerts. Au point qu’on se demande si c’est la même qui officie dans RID…

Par contre, le jeu de scène et les paroles sont plutôt à rapprocher du monde de Prince : c’est très cru, et pratiquement toujours autour du sexe. On est souvent d’ailleurs dans un flou artistique – à l’image de l’androgynie qu’il dégage de sa personne – pour ce qui est des textes : entre « I wanna be a sailor » de « Sailor » et le Kiss and Swallow du titre du même nom ou « Naked but safe » (et on peut continuer longtemps car je n’en suis qu’au troisième morceau…), on ne sait jamais si c’est du lard ou du cochon, bien que l’on devine que c’est – toujours – de sexe qu’il s’agit (cochon va!). « You Stick It In Me » est on ne peut plus explicite, et les projections lors de leur show participent du même phénomène, piquées qu’elles sont au porno japonais (une langue qui vient lécher une rétine…).

Enfin, last but not least, la voix de Corner est absolument magique, extraordinairement émotive, à même de contraster avec la froideur du décorum électronique. « Missile » illustre ce que Chris peut faire avec ses cordes vocales : impressionnant.

Cet album est un must! C’est clair non?

Le site de I AM X