Toujours avec un sens aigu du raffinement, les londoniens du label Soul Jazz rendent hommage à la soul et ses dérivés par le biais de compilations indispensables. Au programme : la soul magique de Philadelphie et le roi du nightclubbing New-yorkais, Nicky Siano.


sound_philly_soul.jpgV/A The Sound Of Philadelphia – Philadelphia Roots Volume 2

Les compilations Soul Jazz sont un véritable régal pour les amateurs avertis de soul, funk et ovnis musicaux dérivés. Toujours remplis de sentiments nobles et portés par une mission de reconnaissance, ses sélections minutieuses sont confectionnées avec érudition et rigueur, sans jamais rebuter les non initiés grâce à un choix de titres bien ficelés. Ce second volume de The Philadephia Roots ne faillit pas à la rêgle. Remplis de vertus pédagogiques comme on aurait aimé tant en recevoir à l’école, les 22 titres présentés ici nous montrent l’évolution historique du son de Philadelphie – un peu écarté rayon prestige au profit des locomotives de Detroit (Motown) et Memphis (Stax) – partant de la Soul sixties vers ce qu’on appellera la disco la décennie suivante. Remplis de perles méconnus (certains crédits ne mentionnent même pas l’année de parution) mais pas moins monumentales, tous sont dignes de figurer sur une BO potentielle de Quentin Tarantino.

Pleurez comme des madeleines devant la beauté incandescente des coeurs The Three Degres,ou les productions des premiers MFSB/Salsoul Orchestra (sous les pseudos de Promised Land et de The Family), sans oublier le classique “Ready or Not, Here I Come” de The Delfonics, popularisé par les Fugees trente ans plus tard. La plupart de ses bijoux sortant des studios MSFB ne font pas plus de 2 minutes 30, mais transpirent la soul bestiale pétrie d’arrangements somptueux digne d’un Curtis Mayfield. Enfin, The Sound of Philadeplhia est une formidable machine à remonter le temps pour tout amateur de série B Blackexploitation, les images défilent avec du baume au coeur.

En complément, un livret copieux nous gratifie d’un petit topo sur cette scène locale, ainsi que des entretiens avec quelques acteurs essentiels de l’époque, le producteur et arrangeur Bobby Martin des mythiques O Jays, ainsi que le métronome vivant Earl Young (la batterie sur « Ready or Not, Here I Come », c’est lui). Une compilation que l’on échangerait bien avec notre trousse de secours perdue au milieu d’une île déserte, car vitale pour tout mordu de cette période dorée, mais aussi ceux qui aiment la soul chaleureuse et innocente, dénuée de tout artifice marketing.


Tracklisting:


1. Three Degrees-Collage

2. Ambassadors-I Can’t Believe You Love Me
3. Howard Tate-Glad I Knew You Bettere

4. Panic Buttons-Come Out Smokin

5. The Philadelphia Society-100 South of Broadway

6. Three Degrees-What I See

7. The Family-Family Affair

8. Yellow Sunshine-Yellow Sunshine

9. The Philly Four-Elephant

10. Kenny Gamble-Ain’t It Baby

11. Nat Turner– You Are My Sunshine

12. Frankie Beverley & Butlers– Pain Goes Deep

13. Family Affair-Nation Time
14. Delfonics-Ready Or Not, Here I Com

15. Three Degrees-Reflections of Yesterday

16. Ruby & Party Gang-Ruby, Shut Your Mouth

17. First Choice-Armed and Extremely Dangerous

18. Promised Land-Nightcrawlin

19. The Ethics-I want my Baby Back

20. Richard Rome-Ghost A Go Go

21. Promised Land-Cheyenne

22. Norma and the Heartaches-Hotpants



nicky_gallery.jpgNicky Siano presents The Gallery – The Original New York Disco

Réputé DJ « extrême », on peut en effet considérer que le New Yorkais Nick Siano, revient de très loin : l’homme a connu les orgies seventies les plus salaces (le sida n’était pas encore passé par là, ou se faisait sournois), les substances illicites et tout le trip qui va avec, mais le personnage est surtout considéré comme un DJ pionnier puisque – au-delà de sa place de résident au mythique Studio 54 – il fut l’un des premiers à apporter au mix ses lettres de noblesse. De passage en septembre dernier à Paris, cette légende vivante a démontré qu’il connaissait toujours toutes les ficèles pour insuffler un groove diabolique sur une piste de danse.

Durant trois ans, (de 1972 à 1973), le « DJ des DJs » régna en maître dans le milieu du clubbing New-Yorkais, via son propre club The Gallery (le bonhomme avait tout juste 18 ans lorsqu’il monta sa boite !). Cet incorrigible insomniaque se distinguait là où la plupart des Disc-jokeys péchaient par leur manque d’ouverture d’esprit : avec sa moustache légendaire, il expérimentait continuellement en incluant une boite à rythme et moults effets sur sa table de mixage ou bien en rajoutant une troisième platine, sans oublier ses enchaînements diaboliques. Grand éclectique, l’homme a côtoyé durant l’ouragan seventies de futurs grands (David Byrne, Grace Jones…).

Vous l’aurez compris, cette compilation orchestrée par Nicky Siano himself tente d’exhumer l’esprit du club mythique The Gallery, mais tente aussi quelques dérivations vers l’incontournable studio 54. Une sélection éclectique digne de l’ouverture d’esprit du maître (R’n’B, Funk, Disco et même Blues), où l’on retrouve quelques valeurs sûres (The Temptations, Bobby Womack, The Supremes, Bill Withers) et puis quelques gâteries un peu trop vites oubliées (Vernon Buch, Genie Brown). Toujours en complément dans le livret, une galerie de photos, digne témoignage de ses années de luxure et de folie fantasmagorique. L’extas(i)e pure et simple.

Tracklisting :

1.Can’t Stop Talking – Jeanie Browne
2.Big John –Undisputed Truth

3.Law Of The Land – The Temptations

4.Kiss Me Again – Dinosaur
5.And They Call That Love – Vernon Birch

6.We’re Getting Stronger –Loleatta Holloway

7.Get Into Something – The Isley Brothers

8.Yes We Can Can – The Pointer Sisters

9. I Can’t Understand It – Bobby Womack
10.I Got It by Gloria Spencer

11. Sang and Dance – The Bar-kays
12. Love Epidemic by The Tramps
13. I’m Gonna Let My Heart – The Supremes

14. Harlem – Bill Withers

15. Crazy Bout My Baby – Bonnie Bramlett

-Le site de Nicky Siano
-Le site du label Soul Jazz
-Le site du distributeur français Discograph