Les maisons de disque vous diront que c’est grâce à des noms comme celui-ci, qui rime avec commercial, qu’ils arrivent – encore – à « vivre » de la musique. Voici donc de l’indie mainstream!


Grand National est le groupe par excellence dont rêvent les maisons de disques. Pourquoi? Parce qu’il peaufine, là, mine de rien, des chansons clés en main parfaites, sans faux pli, que la radio ne peut que diffuser tant les mélodies semblent évidentes, trop peut-être parfois (sûrement?).

L’histoire de Grand National est intéressante à plus d’un titre. Duo formé de Rupert Lyddon et de Lawrence Rudd, il écume les pubs et autres bars à l’instar des groupes à reprises, singeant toute la musique des années 80 en général, et particulièrement Police et Queen. C’est cependant la rencontre avec Primal Scream et l’amitié qui s’en suit qui va mettre le feu aux poudres leur offrant un studio gratos et une assurance bienvenue pour un petit groupe qui démarre.

La presse outre-Manche a littéralement craqué pour ce groupe, chez qui elle voit un concentré de New Order (« Talk amonst yourselves »), Happy Mondays et Blur. Même si ces références ne sont pas si évidentes que ça à l’écoute, avouons-le, il est vrai qu’il y a quelque chose de ces groupes-là, surtout dans leur force de frappe commerciale première. Oui, c’est vrai, ce duo a un don pop indéniable. Les titres sont super bien ficelés, que ce soit les singles « Playing in the distance » et « Drink to moving on », ou des titres comme « Cherry tree » (qui pourrait être utilisé par le Club Med – ou devenir le tube de l’été sur TF1…) ou « Coming around », mais on pourrait pratiquement tous les mettre.

Leur background eighties est présent aussi, autant dans tous ces titres où le synthé se marie à la perfection aux guitares que dans l’utilisation de la trompette ou la bifurcation vers le ska, comme sur « Boner ». La basse de « Peanut Dreams » est craquante à souhait. Le piano sur « North sound off » rappelle quant à lui la période Ghost in the machine de The Police. Il arrive que l’on pense à Nada Surf, en tout cas à ses pièces les plus commerciales. Ce mot est celui qui définit le mieux la galette. Mais enfin, cela prive un talent certain. Le chant à deux voix peut devenir lassant. On, se dit qu’il aurait peut-être mieux valu qu’ils mettent leurs talents au service des autres… Il en faut des maîtres d’ouvrage dans l’ombre.

C’est vrai, tout est parfait. Trop en fin de compte. Il manque un peu de folie par ici, un peu de rage par là. On est dans un format pop limite aseptisé où il n’y a plus beaucoup de place pour le rock, encore moins pour l’indé. Des albums comme Kicking The National Habit, les labels s’en frottent les mains car ils se vendent comme des petits pains, et sont merveilleusement relayés par les médias (MTV va d’ailleurs utiliser un de leurs titres comme générique d’une de ses nouvelles séries de télé-réalité). Une seule écoute permet déjà de se souvenir des refrains et autres tempos. Mais quelque chose manque : de l’imperfection.

Le site de Grand National