C’est l’histoire d’un jeune anglais de 24 ans qui rêve d’avoir cet âge-là en 1969, alors il sort un album… qui réunit tous les ingrédients d’alors. Il aurait eu tort de se gêner.


Dès le premier titre, on se demande si on ne vient pas de mettre la main sur la bande originale d’un film américain sur les années 70. Puis, les noms de The Zutons ou de John Lennon traversent l’esprit, pour un disque qui vaut franchement le détour, un voyage dans le revival seventies qui n’est pas pour nous déplaire.

Elevé aux sons d’Aretha Franklin, The Beatles et Chuck Berry, ce jeune anglais originaire de Newcastle va habiter à Nottingham (la ville de Robin des bois) pour y étudier l’art. C’est dépité et désillusionné qu’il envoie une démo à un concours organisé par le magazine Dazed & Confused. Malgré la qualité plus qu’approximative de l’ensemble, la voix du bonhomme séduit. Des « facilités » lui sont accordées : un studio dernier cri, un manager à ses basques, un producteur compréhensif, Liam Watson, et le tour est joué. Enregistré en deux semaines, méthode qui privilégie l’énergie immédiate, le disque est enfin prêt.

Alors que l’impression d’ensemble est celle d’entendre une galette de la fin des années 60 (69, année érotique s’il en est), des titres comme « Broken mouth blues » sont plutôt à rapprocher des Zutons et de cette nouvelle mouvance anglo-saxonne. Le rythme y est saccadé, l’utilisation des instruments orientée, le chant joyeux, la pochette et les photos très sixties etc. Enfin bref, en ces temps de terrorisme mondialisé et de danger imminent médiatisable qui pousseraient tout un chacun à faire une dépression, Nic Armstrong et d’autres anglais de son acabit s’amusent, et nous amusent par la même occasion. Tout concourt à écouter l’album avec un beau sourire. On dandine et on voit Steven Bauer, dans Scarface, faisant ses « trucs » avec sa langue, histoire de rameuter des meufs dans sa piaule d’hôtel. Ce que cet extrait démontre c’est qu’à l’époque on ose tout, car on expérimente les balbutiements de la liberté, sexuelle surtout.

A côté de vrais tubes en puissance comme « She changes like the weather », les ballades sont exquises. « I’ll come to you » rappellera The Animals et leur « House of the rising sun ». « Too long for her » les Beatles ou les Kinks. Ce disque est à conseiller à tous ceux qui se sont arrêtés en 1969 et qui pensent que la musique n’est plus du même tenant depuis… Nic Armstrong, quant à lui, prouve à ceux-là et aux petits jeunes actuels que le genre a encore ses lettres de noblesse, surtout à notre époque. Plutôt que de se morfondre et de se lamenter sur la musique de nos jours, ce jeune Mod du XXIeme siècle a préféré allier l’utile à l’agréable, et le résultat est plutôt probant. Reste à voir si à l’avenir il continuera sur la même lancée, à nous offrir un Retour vers le Futur aussi jouissif.

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