Un disque de hip hop déluré par le pape du délire… euh, pardon, le Général Patton. Du zapping intra-styles pour une bande-son militariste de folie…


Mike Patton ne se présente plus il me semble. Tout le monde sait qu’il a eu une période « populaire », que l’on pourrait qualifier aujourd’hui de soft tellement elle en porte l’emprunte comparée à ce qu’il fait depuis la fin de Faith No More, épanoui qu’il est depuis pas mal de temps maintenant dans une période électron libre, voguant entre le classique (Eyvind Kang), l’expérimétal (Fantômas), l’expéri-jazz (Mr Bungle), le hip-hop (sa tournée avec Rhazel, sa participation au Handsome Boy Modeling School ), le métal (Tomahawk), l’electro (Kaada/Patton) et enfin la human box (Björk). On nous annonce cette année au moins trois albums : l’un avec Fantomas pour avril, un autre qui serait un projet de longue date (Peeping Tom), solo, toujours retardé et qui sortirait enfin, et le disque que voici, qui pourrait se classer en hip hop scratch zapping.

The X-Ecutioners sont connus dans le milieu comme des scratcheurs fous (notamment grâce à la patte experte derrière les platines de Rob Swift, épaulé par Roc Raida et Total Eclipse), se divertissant avec les beats hip-hop comme d’autres s’amusent à jongler dans un cirque avec des quilles ou des petites balles. Fidèle au zapping qu’il affectionne particulièrement dans Fantômas, mimant presque les us et coutumes des dessins animés type Tex Avery, on passe continuellement du coq à l’âne (comme dans sa carrière)… ce qui peut soit lasser, soit énerver, soit les deux, soit plaire… Ce qui est particulièrement mal venu, bien sûr, c’est lorsqu’on apprécie un passage et qu’il est presque instantanément coupé, relégué aux oubliettes, pour faire place à un autre, n’ayant rien à voir, qui oblige le cerveau à tenter de ne pas conceptualiser ce que ses sens perçoivent. Dur, dur, de chroniquer du Mike Patton… Sachez pourtant que votre serviteur a, concernant le sieur Patton, des a priori positifs à son égard. Notons que les ingrédients de base proviennent tous de la collection discographique de Mike, et que ce dernier y a ensuite apporté son « kwow-how » via son PC. Ceci expliquant probablement cela.

Qu’y fait exactement le General Patton? Des bruits? Des gargarismes? Du rap? Oui, tout ça, mais Mike Patton y chante surtout. A quoi ressemble l’album? A un méli mélo désarçonnant de prime abord, et auquel on se sent comme happé, petit à petit, et que l’on prend un plaisir inouï à écouter, aussi bizarre que cela puisse paraître dans un premier temps à la raison. C’est là que l’on comprend que le but ultime de Patton, à savoir une réaction physique, voire chimique à sa musique, a bel et bien, encore une fois, été atteint.

Beaucoup de morceaux sont des mostra de comment compiler des sons, des musiques qui n’ont à priori rien à voir entre eux. On a droit aux percussions, à la salsa (vaqueros y indios), au banjo, aux choeurs angoissants de Ligetti, aux cris des indiens, à la bande-son d’un film de karaté, à un clairon et à pas mal de choses qui rappellent, tout comme le discours et l’intitulé de la galette (General Patton), les militaires (sans parler des titres des morceaux). On pense pas mal à la façon de faire de The Avalanches en fait.

Trois titres tirent leur épingle du jeu. Comme par hasard, ce sont ceux où officie Patton en tant que chanteur, sur des rythmes assez hip hop funk. « Get up punk » et son rythme enjoué, où l’ex hurleur/crooner de Faith No More y va de son falsetto mais aussi de son baryton, sans oublier ses chuchotements devenus sa marque de fabrique. « Fire in the hole » et  » Kamikaze » sont plutôt classiques (dans le hip hop). « Loser on line » est très entraînant grâce à une batterie puissante et un bruit de fond lancinant. Enfin, le dernier titre, « Wake me up in heaven », clôt de manière superbe ce disque atypique car il résume tout le disque à lui tout seul : des scritch, des scratch, du bric et du broc, la voix de Patton (dans tous les sens du terme), emballé c’est pesé.

Le site d’Ipecac

Un site qui propose quelques détails.