La scène New-Yorkaise ne cesse de produire des albums et des groupes plus bons les uns que les autres, axés principalement sur la scène dance. Put the needle on the record!


On appelle ça de l’électroclash. Warren Fischer et Casey Spooner avaient déjà énormément fait parler d’eux à l’occasion de la sortie de leur premier album, #1, qui transpirait l’arrivisme et le triomphe de l’éphémère.

Se connaissant depuis leurs études de vidéo expérimentale à la School of the Art Institute of Chicago, les deux comparses se retrouvent à New York, chacun un job « frustrant » en poche… bien que Fisher, en tant que violoniste, ait déjà collaboré avec Jim O’Rourke, et traîné ses savattes avec son pote James Murphy; Spooner a plutôt un background de fêtard, habitué des boîtes de nuit. Ils décident alors de créer ensemble un pilote télé mais se passionent davantage pour l’écriture de sa bande-son. En 2000, sort #1 et son tube « Emerge », sorte de kaléidoscope où l’on critique l’éphémère par l’éphémère, qui les fera (re-)connaître dans la manière qu’ils ont de mettre en spectacle la musique. De fil en aiguille, c’est surtout l’Europe qui les propulsera sur le devant de la scène, leur offrant même un deal chez Capitol et une bonne place dans les charts grâce à l’incontournable Ministry of Sound. C’est par contre leur côté arty qui séduira New York, leur ouvrant largement les portes des galeries les plus huppées. En fait, si on veut, la ‘blague’ initiale a dépassé toutes les espérances du duo, qui s’est senti obligé de se creuser la cervelle afin d’offrir un deuxième album plus musical, et moins tape à l’oeil. Histoire aussi de gagner en crédébilité. Et de perdurer bien sûr.

Ils reviennent (comme quoi) avec un album plus abouti qui dévoilé plus leurs origines qu’auparavant. En effet, orginaires de Big Apple, le duo offre aujourd’hui une électro inspirée du punk qui n’a pas à rougir devant LCD Soundsystem et toute la clique. Et en même temps, c’est pas exactement ça non plus, et on pense à des choses comme Miss Kittin, la scène berlinoise en somme. Une fusion des deux genres est probablement plus à même de qualifier leur genre. Ils disent qu’ils ne voulaient pas refaire un album qui tombe dans l’oubli sans crier gare (sic)… Alors, Fischerspooner a ramé. Ils ont aussi mis les petits plats dans les grands, en faisant appel à Mirwaïs (ex-Taxi Girl et dernier gourou de Madonna), Nicolas Vernahs (Fiery Furnaces, Black Dice) et Tony Hoffer (Beck, Air). Enfin, last but not least, Linda Perry et l’intellectuelle Susan Sontag ont été appelées à la rescousse pour l’écriture des paroles.

C’est donc bel et bien à un duo renforcé et beaucoup plus ambitieux, voulant arriver à ses fins et ayant des choses à prouver que nous avons affaire avec Odyssey. Cette ambition les amenera à s’engueuler, obligés qu’ils sont à véritabelemnt travailler ensemble, et non plus chacun pour soi. C’est donc dans la douleur que l’album a été enfanté. Ceci expliquant probablement cela. Jusqu’au titre de l’album.

Le titre « We need a war » fait office de protfolio politique du duo. Il semble que Susan Sontag n’attendait que ça : il ne lui aurait fallu que 15 minutes pour écrire la chose , très inspirée par un George Bush va-t-en-guerre…
« Just Let go », tube en puissance, arbore déjà une guitare qui les fait entrer dans le monde du rock, les sortant un peu de leur image techno. Quant aux riffs funk de « Never Win », ils font diablement penser à la scène punk dance de Big Apple. Une ville où la danse se paie avec des amendes si l’on n’a pas de licence explique, encore plus que les attentats du 11 septembre, ce nouvel enthousiasme pour la fête et les musiques qui se dansent. Merci qui ? Merci Rudolph Giuliani, ancien maire de New York très impopulaire chez les amateurs de libertés (…), critiqué autant par la scène alternative (!!! avec « Me and Giuliani down by the schoolyard » que The Strokes avec « New York cops » (en référence à leur méthodes musclées), transformé après le 11 septembre en « New York girls », héroïsme exacerbé oblige…). « Wednesday » est d’une efficacité redoutable, avec un refrain qui se retient très facilement et qui est plus qu’entraînant. La techno reste bel et bien l’ingrédient principal de Fisherspooner, même affublé de quelques fioritures, ce qui explique probablement un succès plus large en Europe. Cet album tente de faire le lien entre les deux continents en quelque sorte. Il est par ce fait très contemporain.

Il paraît que le nouveau maire n’est pas plus compréhensif… ni plus fêtard! Tant mieux, si cela nous offre de bons petits disques comme celui-ci et toute la vague New-Yorkaise.

Le site de Fischerspooner