Un DJ, formé au jazz, nous sert un disque coloré qui brille par sa modernité et son mélange exotique.


Il n’y a rien de plus agréable, par les temps qui courent, qu’un disque qui distille :

1/ des courants musicaux divers tout en étant moderne et très jazz.

2/ une musique qui ne se prend vraiment pas la tête.

Si vous cherchez « Le » disque d’ambiance pour vos longues heures de route sous le soleil du midi, vos interminables queues aux péages et vos arrêts sur les aires d’autoroute nauséabondes, Hiatus on the Horizon devrait assouvir votre quête du Graal dans ce domaine.

Originaire de la house de Detroit, mais ayant fixé son QG sur la côte Kapiti en Nouvelle Zélande, Recloose sait comment y faire pour apaiser les esprits et échauffer les corps. Pris sous la houlette de Carl Craig, Recloose pond ici son deuxième album après Cardiology (2002) et à l’exception de remix – dont le japonais Towa Tei ou MJ Cole – et autres participations à des compiles. L’enfant de Detroit a toujours écopé de très bonnes critiques (et pour cause), pour des disques qui se veulent autant des matériaux de discothèque que de l’ambient music à tout faire, voire du jazz lorgnant vers le trip hop.

En voici un dont la biographie éclaire pas mal les pistes sur la galette : ayant d’abord étudié la musique pendant huit ans et joueur de saxophone (présent sur quasiment tous les titres), ce n’est que par la suite que Matthew Chicoine se passionne pour le mix, les scratch et les disques qui avalent la poussière et les kilomètres d’aiguille. Très vite apprécié, il fait la tournée des boîtes et festivals avec des sets enflammés (avec du recul, les nineties sont au DJeing ce que les seventies sont au rock progressif). Un job intérimaire au sein du Innerzone Orchestra de Carl Craig fera le reste : l’asseoir sur la scène techno.

Alliant l’improvisation propre au jazz, mais aussi sa pureté, à la soul et à la house de Detroit, Recloose offre un album plaisant, contemporain, avec des sonorités qui habillent merveilleusement les longues soirées d’été.

La première plage, « Landed », qui fait penser dans son modus operandi autant à Art Of Noise qu’à Presence a pourtant de quoi désarçonner, pour ne pas dire refroidir. Ces craintes sont vite dissipées, car au sein de ce même titre, l’impro très jazzy au piano annonce la suite : tout au fil de l’album, des titres de plus en plus calibrés, complexes, riches, qui empruntent énormément au jazz et à la soul, donnent à l’album une profondeur et une rondeur rares. On pourrait dire que les premiers titres font plutôt appel à ses talents du mix, alors que les derniers expriment plutôt sa ferveur pour le jazz. Mais les deux s’entremêlent sans cesse, brouillant les pistes et les genres. Une voix masculine : Joe Dukie, au timbre très suave officie sur deux titres, dont le single « Dust ». Lisa Tomlins sur « Spinnin out » (très Brand New Heavies) et Hollie Smith apportent une touche féminine colorée (« The Game Goes On »). Tous ont un point en commun : celui d’être néo-zélandais. Le très beau ska « Mana’s Bounce » (l’autre single) ne ferait pas tâche à côté des Skatallites. Enfin, « Why I Otta » clôt l’affaire en faisant un beau clin d’oeil à la world music, section samba. Magique!

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