Alors que le Tour de France continue sa triste course aux anabolisants, Brakes – traduire « freins » en anglais – dévalent à fond les ballons les pistes du rock américain. Cette pantalonnade est bien plus sérieuse qu’elle ne le laisse entendre.


Bonjour, je me présente, professeur Malkom Pavementus. Bienvenue aux cours de rattrapage section « rock indépendant » de la Brighton School Academy. Ouvrez vos cahiers de vacances à la page 69, nous allons commencer. Premiers travaux appliqués : une dissertation sur le rock indépendant des années 90 avec pour base géopolitique la patrie de l’oncle Sam. Vous avez exactement une journée pour torcher un disque et me rendre votre copie.

Avant cela, nous allons effectuer des groupes de quatre. Désignés d’office, les deux frères premiers de la classe, Tom et Alex White (Electric Soft Parade, respectivement 21 et 23 ans) plus un élève prometteur, Marc Beatty (Tenderfoot, 23 ans). Pour équilibrer le niveau, nous allons intégrer un cancre, Eamon Hamilton, (30 ans, clavier de British Sea Power) et pour corser le tout, c’est lui qui chantera et dirigera les opérations…

_…Professeur ?

_Oui Alex, je vous écoute.

_Voilà, est-ce qu’on a droit d’écrire une chanson sur un blaireau qui m’a pourri un concert en restant pendu à son portable toute la soirée ?

_Excellent sujet, il faut faire de la prévention dans ce domaine !

_M’sieur, moi j’ai deux chansons de dix secondes, dont une où je traite Dick Cheney de son prénom (ndlr : vice-président américain).

_Très bien Eamon, mais n’oubliez pas une chose, ne négligez jamais les mélodies, il ne faut pas que le délire prenne le pas sur la chanson, ou presque…

_(Tous en choeur) Aucun problème, on adore ça les pop-songs de toute façon !

Outre la performance, chers collègues (29 min, 16 titres, 1 journée en studio), les codes d’honneur de l’établissement établis par notre défunt proviseur Johnny Ramone ont été judicieusement mis en pratique: guitares épileptiques, refrains faussement dilettantes et une bonne dose de fun. Les cours linguistiques du professeur d’espagnol, le senior Joey Santiago, ont également servi à perfectionner l’accent noisy. On retrouve donc ça et là un festival de riffs débraillés servis autour de sacrés hymnes jetables – notamment le formidable “What’s In It For Me?”, pétage de plomb comme on n’en fait plus. Il y a aussi le chant d’Eamon Hamilton qui requiert ce petit grain de sel furibard évoquant un croisement entre deux éternels bienfaiteurs, Black Francis et Joey Ramone. Oui, on le confirme, ce tableau est exemplaire.

Pour les options facultatives, Brakes a choisi une délicieuse ballade country, “Jackson”, du couple June/Johnny Cash, ainsi qu’une excellente version de “Sometimes Always” des illustres noisy frères Reid. Enfin, mention spéciale pour “All Night Disco Party”, rigolot exercice disco, où trop dissipés pour se contenir, nos garnements finissent par rallumer leurs pédales à distorsion pour un joli raffut. C’est un peu n’importe quoi tout ça, mais l’essentiel demeure, nous sommes bien en présence d’un sacré défouloir.

Après délibération, j’ai l’honneur de vous adresser la note de 16/20 pour cette pêche fédératrice et ce sens du travail bigot, avec les félicitations du jury.

PS : Pourquoi ne pas avoir rajouté un « The » à votre nom ? Parce-que franchement, en ces temps qui courent, c’est peine perdue, tout le monde le rajoute quand même (on a fait l’essai).

-Le site officiel de Brakes