Clearlake. Retenez ce nom si vous ne l’avez pas encore fait. Ce groupe va, lentement mais sûrement, beaucoup faire parler de lui.


Ils ont le gabarit de Radiohead et REM, à savoir le même talent à offrir à la fois une musique à la beauté dépressive et à la joie contagieuse. L’album que voici – troisième déjà – est un succédané de titres tous plus bons les uns que les autres, qui devrait, après l’Angleterre et les Etats-Unis, achever de convaincre tout un chacun.

Rien n’a été laissé de côté du reste. C’est bien la perfection que l’on a recherché. Mais un petit rappel s’impose. C’est en janvier 2000 que Jason Pegg (chant, piano, guitare), Sam Hewitt (synthé, échantillonnage), Woody Woodward (basse, omnichord) and James Butcher (batterie) forment leur groupe et sont hébergés par le label Domino (petit label deviendra grand…). Et le succès ne se fait pas attendre. Les radios et médias anglais succombent très vite à leur charme. Pulp et The Delgados aussi, qui leur demandent de couvrir la première partie de leurs tournées. Leur premier album Clearlake Lido rencontre toutes les espérances. Ensuite sort Cedars, produit par Simon Raymonde (Cocteau Twins) et Giles Hall. Côté 9.1 par Pitchfork, dont la dernière phrase disait : « While Lido may have been a last bastion of Britpop, Cedars towers in the tradition of the best British art », il fera, on s’en doute, un tabac aux USA.

C’est donc après déjà 3 ans et huit studios, en France et en Angleterre, que sort cette troisième galette, très attendue. Vu qu’on ne fait pas les choses à moitié chez Clearlake, on a fait appel à la crème des crèmes ici : Steve Osborne (U2, Happy Mondays) et Jim Abbiss (Kasabian, DJ Shadow, David Gray) à la production, et le vieux de la vieille Phill Brown (Talk Talk, Bob Marley, Led Zep, Hendrix) aux manettes. Et on peut dire que le groupe confirme haut la main, dépasse même, si tant faire se peut, tout ce que l’on pouvait attendre de ces quatre gars, dont on peut deviner une carrière à la Athlete ou The Doves dans un premier temps, à la Radiohead ou Coldplay dans un deuxième tant leur talent est obvious.

Le quatuor a toujours déclaré, lors de ses interviews, vouloir joindre l’utile à l’agréable : faire réfléchir et divertir à la fois, expérimenter sans se perdre dans les aléas de la prise de tête. La pochette illustre parfaitement cette ambition. Cela se vérifie aussi encore une fois via les textes : « You were lying on someone else to make you feel alright » à « I hate that i got what i wanted now i don’t want it anymore » en passant par « I dreamt that you died« , on sent l’engagement de l’artiste. Le tout est servi par un chant à une voix ou à deux voix, les games dans lesquelles il évolue étant très denses. Soit de concert, soit l’une derrière l’autre, en écho, le résultat frise toujours la perfection. « Good clean fun » entre dans les méandres des Dandy Warhols, avec ce côté power pop sale que l’on aime tant.

Quant au jeu de guitare, effacé la plupart du temps, mais toujours indispensable, dont les soli sont très bons sans être ostentatoires pour autant, montre qu’il reste l’une des poutres essentielles de l’édifice. Le martèlement de la batterie est un délice : le jeu n’est jamais binaire, toujours recherché. En un mot comme en cent, chacun ici est irremplaçable et on sent une complicité poussée jusqu’à son paroxysme.

Ce n’est pas « Neon » et l’harmonica utilisé comme loop rappelant The The, ni « Here to learn », qui semble montrer que la parenthèse rock de Depeche Mode n’a pas laissé Clearlake indifférent, qui nous ferons penser le contraire. Le titre « Finally free » est probablement un des singles en puissance de la galette. Ne s’éloignant pas trop de la pop évoquée déjà auparavant, on lorgne ici du côté de l’efficacité pop de Blur et des refrains à triple lame des Beatles. Ce côté est encore accentué par les arrangements classiques qui nappent de crème le déprimant « Amber ». Enfin, le côté sixties est glorifié dans « Far away ». On retrouve de somptueux arrangements sur « It’s getting light outside ». Que du bon donc, et varié qui plus est.

Amber est le genre de disque dont il faut s’imprégner pour en retirer la substantifique moelle, quitte à ne plus pouvoir s’en passer ensuite.

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