Une danoise dont le but avoué est d’assouvir vos peines et vos tensions, vous lui répondez quoi ? Encore !


Les premières notes de « Bruises & disasters » évoquent une de ses compatriotes scandinaves à la voix suave éraflée : Stina Nordenstam. Mais ne nous méprenons pas, car c’est ensuite plutôt du côté de PJ Harvey première période que Jomi Massage fait ses gammes. Les paroles vont aussi dans le sens de Ze monster : A man caught a woman just before she was about to, step in front of a speeding car, he was happy-she was not (…) in a second he felt like a hero, in a second she felt death. Puis d’enchaîner sur « I see those who died », avec un style qui dit vaguement quelque chose, surtout dans le chant : Speaker bite me. Et pour cause puisqu’il s’agit de sa chanteuse, Signe Høirup Wille-Jørgensen (euh, non, je crois pas que ce soit un pseudo), qui se lance avec Aloud dans une carrière solo.

Jomi Massage, en référence à un appareil de massage suggestif (un dessin?), veut avoir le même but : soulager, éliminer les tensions. Ayant déjà bien roulé sa bosse au sein de formations danoises comme Murmur, Speaker bite me ou Bows, Signe Høirup Wille-Jørgensen est connue et reconnue chez elle sous le joli sobriquet de reine du bruit. D’aucuns aiment appeler – et s’entendre dire, d’un air détaché – que ce qu’elle fait est du punk émotionnel… Oui, cette définition lui va à ravir à vrai dire. Ne se contentant pas de faire que de la musique, elle s’illustre également dans l’art avec un grand A, et occupe les sièges en cuir d’une maison d’édition ainsi que d’une galerie. Il faut dire que la pochette et les photos du livret vendaient déjà la mèche, non ?

L’album alterne les plages douces, mélancoliques (« Is there a light? »), avec d’autres chauffées au fer de ferrailleur (le très électrique « Just keep going straight »). Sa voix, du coup, peut passer du simple murmure au cri primal, et ce parfois sur le même morceau, sans crier gare. Décidément, tous les faits d’armes scandinaves se retrouvent ici, puisque « I blame you all » rappelle le punk foutraque des suédois Whale.

Enfin, le dernier titre convaincra les plus sceptiques qu’une carrière dans un film d’épouvante pourrait faire l’affaire si elle se cassait les dents ailleurs. Mais on ne voit pas pourquoi, car son disque est très bon. Le but recherché, en référence au Jomi Massage, est donc bel et bien atteint.

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